rdiesse, de son esprit et de son
eloquence?
[Note 94: Ce manuscrit intitule: "Glossulae magistri Petri Baelardi super
Porphyrium," a ete retrouve par le savant M. Ravaisson, et nous en
devons la communication a sa bienveillante obligeance. Nous ne saurions
trop l'engager a la publier; c'est un fragment precieux pour l'histoire
de la Philosophie. La texte est difficile, quelquefois altere; il n'en a
que plus besoin d'un editeur tel que M. Ravaisson.]
Les premieres pages de ce manuscrit nous apprennent qu'on peut ramener
la science en general a la science du jugement et a la science de
l'action. La premiere est celle de la theorie, la seconde est celle
de la pratique. On peut bien agir et ne point savoir juger. Tel peut
utilement employer a la guerison des infirmites humaines les vertus des
simples, qui ne sait pas la physique, comme tel autre peut habilement
instruire, sans etre capable d'operer ce qu'il enseigne. La philosophie
est une science theoretique. Tous les savants n'ont pas droit au nom
de philosophes. Il n'appartient qu'a ceux qui, s'elevant au-dessus des
autres par la subtilite de leur intelligence, jugent ce qu'ils savent.
L'homme doue do cette faculte est celui qui sait comprendre et peser les
causes secretes des choses; la recherche de ces causes est du ressort de
la raison et non pas de l'experience sensible[95].
[Note 95: "Est scientia alia agendi, alia discernendi. Aola autem
scientia discernendi philosophia dicitur... Philosophos... vocamus
costantum qui subtilitate intelligentiae praeominentes in his quae
diligentem habent discretionem. Discretus est qui causes occultas rerum
comprehendere ac deliberare valet. Occultas causas dicimus ex quibus
quae res eveniunt magis ratione quam experimentis sensuum
investigandum."--Cassiodore avait divise la science en _inspectiva_ et
en _acutalis_ (_De art. ac discipl._, c. iii).]
La philosophie se divise en physique, en ethique et en logique[96]. La
premiere specule sur les causes des choses naturelles, la seconde est
la maitresse de la vertu, la troisieme, que nous nommons indifferemment
dialectique, est l'art de disserter exactement, c'est-a-dire de
discerner les arguments qui servent a disserter, c'est-a-dire encore a
discuter; car la logique n'enseigne pas a se servir des arguments ni
a les composer, mais a les distinguer et a les apprecier. Ceci est
proprement la logique, le reste est la _rationnative_[97]. Or,
les arguments etant composes de proposit
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