aison, ma mere.
-- Eh bien, moi, mon fils, dit Catherine, comme il ne convient ni
a mon coeur ni au bien de l'Etat que vous soyez malade si
longtemps, attendu que le moral pourrait finir par s'affecter chez
vous, j'ai rassemble les plus savants docteurs.
-- En art medical, madame?
-- Non, dans un art plus profond, dans l'art qui permet non
seulement de lire dans les corps, mais encore dans les coeurs.
-- Ah! le bel art, madame, fit Charles, et qu'on a raison de ne
pas l'enseigner aux rois! Et vos recherches ont eu un resultat?
continua-t-il.
-- Oui.
-- Lequel?
-- Celui que j'esperais; et j'apporte a Votre Majeste le remede
qui doit guerir son corps et son esprit.
Charles frissonna. Il crut que sa mere, trouvant qu'il vivait trop
longtemps encore, avait resolu d'achever sciemment ce qu'elle
avait commence sans le savoir.
-- Et ou est-il, ce remede? dit Charles en se soulevant sur un
coude et en regardant sa mere.
-- Il est dans le mal meme, repondit Catherine.
-- Alors ou est le mal?
-- Ecoutez-moi, mon fils, dit Catherine. Avez-vous entendu dire
parfois qu'il est des ennemis secrets dont la vengeance a distance
assassine la victime?
-- Par le fer ou par le poison? demanda Charles sans perdre un
instant de vue la physionomie impassible de sa mere.
-- Non, par des moyens bien autrement surs, bien autrement
terribles, dit Catherine.
-- Expliquez-vous.
-- Mon fils, demanda la Florentine, avez-vous foi aux pratiques de
la cabale et de la magie? Charles comprima un sourire de mepris et
d'incredulite.
-- Beaucoup, dit-il.
-- Eh bien, dit vivement Catherine, de la viennent vos
souffrances. Un ennemi de Votre Majeste, qui n'eut point ose vous
attaquer en face, a conspire dans l'ombre. Il a dirige contre la
personne de Votre Majeste une conspiration d'autant plus terrible
qu'il n'avait pas de complices, et que les fils mysterieux de
cette conspiration etaient insaisissables.
-- Ma foi, non! dit Charles revolte par tant d'astuce.
-- Cherchez bien, mon fils, dit Catherine, rappelez-vous certains
projets d'evasion qui devaient assurer l'impunite au meurtrier.
-- Au meurtrier! s'ecria Charles, au meurtrier, dites-vous? on a
donc essaye de me tuer, ma mere?
L'oeil chatoyant de Catherine roula hypocritement sous sa paupiere
plissee.
-- Oui, mon fils: vous en doutez peut-etre, vous; mais moi, j'en
ai acquis la certitude.
-- Je ne doute jamais de ce que vous me dites, repondit a
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