aucoup les Anglais, et ce que les
Poitevins, gens dont la foi etait fort decriee, souhaitaient avec le
plus de passion. Henri etait accompagne de Richard, son frere, de Simon
de Montfort, comte de Leicester, a la tete de trois cents chevaliers,
et de plusieurs autres seigneurs anglais, que Henri avait engages a le
suivre par ses caresses et par ses presens. La comtesse de la Marche, sa
mere, _l'attendait au port_, et, selon la chronique de France, _lui alla
a l'encontre, le baisa moult doucement, et lui dit: Biau cher fils, vous
etes de bonne nature, qui venes secourir votre mere et vos freres, que
les fils de Blanche d'Espagne veulent trop malement defouler et tenir
sous pieds_. Il fut accueilli en Saintonge avec beaucoup de joie,
par les seigneurs ligues; et, des qu'il fut debarque, il envoya des
ambassadeurs au roi, qui faisait le siege de Fontenoi, place alors
tres-forte. La garnison, commandee par un fils naturel du comte de la
Marche, se defendait avec beaucoup de valeur, et le comte de Poitiers
venait d'y etre blesse. Le roi recut les ambassadeurs avec bonte,
les fit manger a sa table, et ensuite leur donna audience. Ils lui
exposerent le sujet de leur mission, qui se reduisit a dire que le roi
leur maitre etait fort surpris qu'on rompit si hautement la treve faite
entre les deux etats, et qui ne devait finir que dans deux ans.
Le roi les ecouta avec moderation, et repondit qu'il n'avait rien plus a
coeur que de garder la treve, et meme de la prolonger, ou faire la paix
a des conditions raisonnables, sans demander aucun dedommagement; que
c'etait le roi leur maitre qui la rompait manifestement, en venant avec
une flotte soutenir la rebellion des vassaux de la couronne de France;
qu'il n'appartenait pas au roi d'Angleterre de se meler des differends
qu'ils avaient avec leur souverain; que le comte de Toulouse et le comte
de la Marche n'etaient en aucune maniere compris dans le traite
de treve; que c'etait leur felonie qui leur avait attire sa juste
indignation et le chatiment qu'il allait leur faire subir, comme a des
traitres et a des parjures. Les ambassadeurs etant retournes vers leur
prince, il rejeta toute proposition de paix, anime par les agens du
comte et de la comtesse de la Marche, qui l'assurerent que la guerre lui
procurerait bientot de plus grands avantages que ceux qu'on lui offrait,
et que la conduite du roi de France, en cette occasion, n'etait qu'un
effet de la crainte que la presence de Henri et
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