lles vivantes, s'incrusterent dans les
chairs... Le bohemien, vigoureux et trapu, ses forces decuplees par la
haine, essayait, par violentes secousses, d'echapper a l'etreinte. Et
lui aussi empoigna le bourreau a la gorge; ses deux bras nerveux, dans
un geste foudroyant, se leverent, ses doigts velus s'enfoncerent dans la
gorge de Claude...
Cela dura quelques instants... Enfin, les doigts de Belgodere se
desserrerent... sa tete tomba sur ses; epaules. Il etait mort.
Les tintements funebres de la cloche de l'abbaye arreterent l'attention
de Claude; mais il ne comprenait pas encore pourquoi sonnait cette
cloche. Brusquement un reflux de la memoire le ramena dans la realite.
--Le glas! rugit-il.
Et il se rua vers la porte du couvent.
--Halte-la! cria une sentinelle en voyant arriver Claude, hagard,
echevele, hurlant et lance en bonds furieux.
Claude, sur son passage, renversa l'homme, sans s'arreter, simplement en
le heurtant. Et presque aussitot il s'arreta, avec une atroce clameur de
mortel desespoir.
Il venait de reconnaitre Violetta dans les bras du duc d'Angouleme qui
l'emportait. Violetta, blanche comme une morte. Morte sans aucun doute!.
A ce moment, le petit duc chancelait... il allait tomber... Claude
ouvrit ses bras de geant, et recut le double fardeau: Charles
d'Angouleme portant Violetta...
Et, d'un furieux effort, il les enleva tous les deux, s'elanca au
dehors, ses yeux rouges fixes sur Violetta, mordant ses levres jusqu'au
sang pour ne pas crier, courant, bondissant d'instinct vers la petite
source du calvaire... la source pres de laquelle, jadis, Loise de
Montmorency avait ete frappee par Maurevert...
Et, la, il les deposait tous deux sur le gazon, s'agenouillait, trempait
ses mains dans l'eau et baignait le front de la jeune fille qui, presque
au meme instant, poussait un soupir, et, dans un sourire, murmurait:
--Mon pere... mon bon petit papa Claude!
Les minutes qui suivirent furent pour Claude, pour Violetta et pour
Charles, promptement revenu de son evanouissement, d'intraduisibles
minutes d'extase.
Pour Charles et pour Violetta, la situation etait rayonnante; leur
felicite les enivrait, ils resplendissaient de leur pure joie comme le
soleil resplendissait dans le ciel. Pour Claude elle etait sombre...
Puisque Violetta etait sauvee, puisqu'elle etait reunie enfin a celui
qu'elle aimait, l'heure de disparaitre allait sonner pour lui... l'heure
de mourir!...
--Mon pere, d
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