ssonnai d'horreur, et je
me mis a crier au secours! Mais qui pouvait m'entendre! il n'y avait
personne dans un rayon de plusieurs milles, pas un etre vivant.
Si pourtant: le hennissement de mon cheval me repondit du haut de la
colline, semblant se railler de mon desespoir. Je me penchai en avant
autant que ma position me le permettait, et, de mes doigts convulsifs, je
commencai a creuser le sable. A peine pouvais-je en atteindre la surface,
et le leger sillon que je tracais etait aussitot comble que forme. Une
idee me vint. Mon fusil mis en travers pourrait me supporter. Je le
cherchai autour de moi. On ne le voyait plus. Il etait enfonce dans le
sable. Pouvais-je me coucher par terre pour eviter d'enfoncer davantage?
Non il y avait deux pieds d'eau; je me serais noye. Ce dernier espoir
m'echappa aussitot qu'il m'apparut. Je ne voyais plus aucun moyen de
salut. J'etais incapable de faire un effort de plus. Une etrange stupeur
s'emparait de moi. Ma pensee se paralysait. Je me sentais devenir fou.
Pendant un moment, ma raison fut completement egaree.
Apres un court intervalle, je recouvrai mes sens. Je fis un effort pour
secouer la paralysie de mon esprit, afin du moins d'aborder comme un homme
doit le faire, la mort, que je sentais inevitable. Je me dressai tout
debout. Mes yeux atteignaient jusqu'au niveau de la prairie, et
s'arreterent sur les victimes encore saignantes de ma cruaute. Le coeur me
battit a cette vue. Ce qui m'arrivait etait-il une punition de Dieu? Avec
un humble sentiment de repentir, je tournai mon visage vers le ciel,
redoutant presque d'apercevoir quelque signe de la colere celeste.... Le
soleil brillait du meme eclat qu'auparavant, et pas un nuage ne tachait la
voute azuree. Je demeurai les yeux leves au ciel, et priai avec une
ferveur que connaissent ceux-la seulement qui se sont trouves dans des
situations perilleuses analogues a celle ou j'etais.
Comme je continuais a regarder en l'air, quelque chose attira mon
attention. Je distinguai sur le fond bleu du ciel la silhouette d'un grand
oiseau. Je reconnus bientot l'immonde oiseau des plaines, le vautour noir.
D'ou venait-il? Qui pouvait le savoir? A une distance infranchissable pour
le regard de l'homme, il avait apercu ou senti les cadavres des antilopes,
et maintenant sur ses larges ailes silencieuses il descendait vers le
festin de la mort. Bientot un autre, puis encore un, puis une foule
d'autres se detacherent sur les champs azures de la
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