abot de cheval sur
la pierre se fit entendre aupres de moi: c'etait Gode avec Moro, et, un
instant apres, je l'entendis enfoncer un piquet entre les paves. Presque
aussitot, Saint-Vrain rentra.
--Eh bien, demandai-je, que s'est-il passe?
--Pas grand chose. C'est un renard qui ne s'endort jamais. Il etait a
cheval avant qu'ils fussent pres de lui, et a bientot ete hors de leur
atteinte.
--Mais ne peuvent-ils pas le poursuivre a cheval.
--Ce n'est pas probable. Il a des compagnons pres d'ici, je vous le
garantis. Armijo, c'est lui qui a mis ces coquins-la sur ses traces
--Armijo ne dispose pas de forces capables d'oser le suivre une fois qu'il
sera dans ses montagnes.
--Mais, mon cher Saint-Vrain, dites-moi donc ce que vous savez a l'endroit
de cet homme extraordinaire. Ma curiosite est excitee au plus haut degre.
--Non, pas ce soir, Harry; pas ce soir. Je ne veux pas vous causer plus
d'agitation; en outre, j'ai besoin de vous quitter en ce moment. A demain,
donc. Bonsoir! bonsoir!
Et, ce disant, mon petulant ami me laissa entre les mains de Gode, au
repos de la nuit.
VIII
LAISSE EN ARRIERE.
Le depart de la caravane pour Chihuahua avait ete fixe au troisieme jour
apres le fandango. Ce jour arrive, je me trouve hors d'etat de partir! Mon
chirurgien, abominable sangsue mexicaine, m'affirme que c'est courir a une
mort certaine que de me mettre en route. En l'absence de toute preuve
contraire, je suis force de m'en rapporter a lui. Je n'ai pas d'autre
alternative que la triste necessite d'attendre a Santa-Fe le retour des
marchands.
Cloue sur mon lit par la fievre, je dis adieu a mes compagnons. Nous nous
separons a regret; mais surtout je suis vivement affecte en disant adieu a
Saint-Vrain, dont la joyeuse et cordiale confraternite avait ete ma
consolation pendant ces trois jours de souffrance. Il me donna une
nouvelle preuve de son amitie en se chargeant de la conduite de mes wagons
et de la vente de mes marchandises sur le marche de Chihuahua.
--Ne vous inquietez pas, mon garcon, me dit-il en me quittant. Tachez de
tuer le temps avec le champagne et le pas. Nous serons revenus en un saut
d'ecureuil; et, croyez-moi.
Je vous rapporterai des doublons mexicains de quoi charger une mule. Dieu
vous garde! Adieu!
Je pus me mettre sur mon seant, et, a travers la fenetre ouverte, voir
defiler les baches blanches des wagons, qui semblaient une chaine de
collines en mouvement. J'entendis le claq
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