droite et a gauche! la vieille Virginie va toujours de l'avant.
--_Viva el Gobernador! viva Armijo! viva, viva!_
L'arrivee d'un nouveau personnage faisait sensation dans la salle. Un gros
homme fastueux, a tournure de pretre, faisait son entree, accompagne de
plusieurs individus. C'etait le gouverneur avec sa suite, et un certain
nombre de citoyens bien couverts, qui formaient sans doute l'elite de la
societe new-mexicaine. Quelques-uns des nouveaux arrivants etaient des
militaires revetus d'uniformes brillants et extravagants; on les vit
bientot pirouetter autour de la salle dans le tourbillon de la valse.
--Ou est la senora Armijo? demandai-je tout bas a Saint-Vrain.
--Je vous l'avais dit: elle n'est pas venue. Attendez-moi ici je m'en vais
pour quelques instants. Procurez-vous une danseuse: et voyez a vous
divertir. Je serai de retour dans un moment. Au revoir.
Sans plus d'explications, Saint-Vrain se glissa a travers la foule et
disparut.
Depuis mon entree, j'etais demeure assis sur une banquette, pres de
Saint-Vrain, dans un coin ecarte de la salle. Un homme d'un aspect tout
particulier occupait la place voisine de mon compagnon, et etait plonge
dans l'ombre d'un rideau. J'avais remarque cet homme tout en entrant, et
j'avais remarque aussi que Saint-Vrain avait cause avec lui; mais je
n'avais pas ete presente, et l'interposition de mon ami avait empeche un
examen plus attentif de ma part, jusqu'a ce que Saint-Vrain se fut retire.
Nous etions maintenant l'un pres de l'autre, et je commencai a pousser une
sorte de reconnaissance angulaire de la figure et de la tournure qui
avaient frappe mon attention par leur etrangete. Ce n'etait pas un
Americain; on le reconnaissait a son vetement, et cependant sa figure
n'etait pas mexicaine. Ses traits etaient trop accentues pour un Espagnol,
quoique son teint, hale par l'air et le soleil, fut brun et bronze. La
figure etait rasee, a l'exception du menton, qui etait garni d'une barbe
noire taillee en pointe. L'oeil, autant que je pus le voir sous l'ombre
d'un chapeau rabattu, etait bleu et doux. Les cheveux noirs et ondules,
marques ca et la d'un fil d'argent. Ce n'etaient point la les traits
caracteristiques d'un Espagnol, encore moins d'un Hispano-Americain; et,
n'eut ete son costume, j'aurais assigne a mon voisin une toute autre
origine. Mais il etait entierement vetu a la mexicaine, enveloppe d'une
_manga_ pourpre, rehaussee de broderies de velours noir le long des
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