ce en moi." Meilhan voulut insister
de nouveau: "Ils n'ont point de confiance," repeta Danton; et il s'eloigna
sans vouloir prolonger l'entretien. Ces paroles peignent parfaitement les
dispositions de cet homme. Il meprisait cette populace municipale, il
n'avait aucun gout pour Robespierre ni pour Marat, et il eut bien mieux
aime se mettre a la tete des girondins, mais ils n'avaient point de
confiance en lui. Une conduite et des principes differents les separaient
entierement.
D'ailleurs, Danton ne trouvait, ni dans leur caractere, ni dans leur
opinion, l'energie necessaire pour sauver la revolution, grand but qu'il
cherissait par dessus toutes choses. Danton, indifferent pour les
personnes, ne cherchait qu'a distinguer celui des deux partis qui devait
assurer a la revolution les progres les plus surs et les plus rapides.
Maitre des cordeliers et de la commission des six, il est presumable qu'il
avait une grande part au mouvement qui se preparait, et il parait qu'il
voulait d'abord renverser la commission des douze, sauf a voir ensuite ce
qu'il faudrait faire a l'egard des girondins.
Enfin le projet d'insurrection fut arrete dans la tete des conjures du
club central revolutionnaire. Ils ne voulaient pas, suivant leur
expression, faire une insurrection _physique_, mais _toute morale_,
respecter les personnes, les proprietes, violer enfin avec le plus grand
ordre les lois, et la liberte de la convention. Leur but etait de
constituer la commune en insurrection, de convoquer en son nom toute la
force armee, qu'elle avait le droit de requerir, d'en entourer la
convention, et de lui presenter une adresse qui, en apparence, ne serait
qu'une petition, et qui en realite serait un ordre veritable. Ils
voulaient en un mot prier le fer a la main.
Le jeudi 30, en effet, les commissaires des sections s'assemblent a
l'Eveche, et ils forment ce qu'ils appellent l'_union republicaine_.
Revetus des pleins pouvoirs de toutes les sections, ils se declarent en
insurrection pour sauver la chose publique, menacee par _la faction
aristocratique et oppressive de la liberte_. Le maire, persistant dans ses
menagemens ordinaires, fait quelques representations sur le caractere de
cette mesure, s'y oppose doucement, et finit par obeir aux insurges, qui
lui ordonnent de se rendre a la commune pour annoncer ce qu'ils viennent
de decider. Il est ensuite resolu que les quarante-huit sections seront
reunies pour emettre, dans la journee meme, leur v
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