raissait comme certain, le reste ne signifiait
rien; et franchement on ne pouvait pas la-dessus s'appuyer pour batir ou
demolir une filiation.
Depuis l'incident de la main donnee au capitaine, une question
preoccupait Barincq: devait-il ou ne devait-il pas inviter le capitaine
au dejeuner qui suivrait la ceremonie? Et s'il trouvait des raisons pour
justifier cette invitation, celles qui, apres le blame de ses cousins,
la rendaient difficile, ne manquaient pas non plus.
Heureusement au cimetiere, c'est-a-dire au moment ou il fallait se
decider, Rebenacq lui vint en aide:
--Comme la presence du capitaine a votre table serait genante pour vous,
autant que pour lui peut-etre, veux-tu que je l'emmene a la maison? Cela
vous tirera d'embarras.
C'etait "nous tirera d'embarras" que le notaire aurait dit dire, car sa
position au milieu de ces heritiers possibles etait delicate pour lui
aussi.
Si l'amitie, de meme qu'un sentiment de justice, lui faisaient souhaiter
que l'heritage de Gaston revint a son ancien camarade, d'autre part les
interets de son etude voulaient que ce fut au capitaine. Heritier de son
frere, Barincq conserverait sans aucun doute le chateau et ses terres
pour les transmettre plus tard a sa fille comme bien de famille. Au
contraire, le capitaine qui n'aurait pas des raisons de cet ordre pour
garder le chateau, et qui meme en aurait d'excellentes pour vouloir s'en
debarrasser, le vendrait, et cela entrainerait une serie d'actes
fructueux qui, au moment ou il pensait a se retirer des affaires,
grossirait bien a propos les produits de son etude. Dans ces conditions,
il importait donc de manoeuvrer assez adroitement entre celui qui
pouvait etre l'heritier et celui qui avait tant de chances pour etre
legataire, de facon a conserver des relations aussi bonnes avec l'un
qu'avec l'autre; de la son idee d'invitation qui d'une pierre faisait
deux coups: il rendait service a Barincq dans une circonstance delicate;
et en meme temps il montrait de la politesse et de la prevenance envers
le Capitaine, qui certainement, devait etre blesse de l'accueil qu'il
avait trouve aupres de la famille.
XI
Ce fut seulement a une heure avancee de l'apres-midi que les derniers
invites quitterent le chateau; et les cousins ne partirent pas sans
echanger avec Barincq de longues poignees de main accompagnees de
souhaits chaleureux:
--Nous sommes avec toi.
--Compte sur nous.
--Jamais je n'admettrai que Gaston a
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