ise de Notre-Dame de Bruges,
etc. Enfin, Quiquendone a pour principale industrie la fabrication des
cremes fouettees et des sucres d'orge sur une grande echelle. Elle est
administree de pere en fils depuis plusieurs siecles par la famille van
Tricasse! Et pourtant Quiquendone ne figure pas sur la carte des
Flandres! Est-ce oubli des geographes, est-ce omission volontaire? C'est
ce que je ne puis vous dire; mais Quiquendone existe bien reellement
avec ses rues etroites, son enceinte fortifiee, ses maisons espagnoles,
sa halle et son bourgmestre,--a telles enseignes qu'elle a ete
recemment le theatre de phenomenes surprenants, extraordinaires,
invraisemblables autant que veridiques, et qui vont etre fidelement
rapportes dans le present recit.
Certes, il n'y a aucun mal a dire ni a penser des Flamands de la Flandre
occidentale. Ce sont des gens de bien, sages, parcimonieux, sociables,
d'humeur egale, hospitaliers, peut-etre un peu lourds par le langage et
l'esprit; mais cela n'explique pas pourquoi l'une des plus interessantes
villes de leur territoire en est encore a figurer dans la cartographie
moderne.
Cette omission est certainement regrettable. Si encore l'histoire, ou a
defaut de l'histoire les chroniques, ou a defaut des chroniques la
tradition du pays, faisaient mention de Quiquendone! Mais non, ni les
atlas, ni les guides, ni les itineraires n'en parlent. M. Joanne
lui-meme, le perspicace denicheur de bourgades, n'en dit pas un mot. On
concoit combien ce silence doit nuire au commerce, a l'industrie de
cette ville. Mais nous nous haterons d'ajouter que Quiquendone n'a ni
industrie ni commerce, et qu'elle s'en passe le mieux du monde. Ses
sucres d'orge et ses cremes fouettees, elle les consomme sur place et ne
les exporte pas. Enfin les Quiquendoniens n'ont besoin de personne.
Leurs desirs sont restreints, leur existence est modeste; ils sont
calmes, moderes, froids, flegmatiques, en un mot "Flamands", comme il
s'en rencontre encore quelquefois entre l'Escaut et la mer du Nord.
II
Ou le bourgmestre van Tricasse et le conseiller Niklausse
s'entretiennent des affaires de la ville.
"Vous croyez? demanda le bourgmestre.
--Je le crois, repondit le conseiller, apres quelques minutes de
silence.
--C'est qu'il ne faut point agir a la legere, reprit le bourgmestre.
--Voila dix ans que nous causons de cette affaire si grave, repliqua le
conseiller Niklausse, et je vous avoue, mon digne van Tricasse,
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