igent voit bien qu'il avait devine juste, malgre
toutes les precautions de l'auteur.
Apres l'explosion, Quiquendone etait immediatement redevenue la cite
paisible, flegmatique et flamande qu'elle etait autrefois.
Apres l'explosion, qui d'ailleurs ne causa pas une profonde emotion,
chacun, sans savoir pourquoi, machinalement, reprit le chemin de sa
maison, le bourgmestre appuye au bras du conseiller, l'avocat Schut au
bras du medecin Custos, Frantz Niklausse au bras de son rival Simon
Collaert, chacun tranquillement, sans bruit, sans avoir meme conscience
de ce qui s'etait passe, ayant deja oublie Virgamen et la vengeance. Le
general etait retourne a ses confitures, et son aide de camp a ses
sucres d'orge.
Tout etait rentre dans le calme, tout avait repris la vie habituelle,
hommes et betes, betes et plantes, meme la tour de la porte d'Audenarde,
que l'explosion,--ces explosions sont quelquefois etonnantes,--que
l'explosion avait redressee!
Et, depuis lors, jamais un mot plus haut que l'autre, jamais une
discussion dans la ville de Quiquendone. Plus de politique, plus de
clubs, plus de proces, plus de sergents de ville! La place du
commissaire Passauf recommenca a etre une sinecure, et si on ne lui
retrancha pas ses appointements, c'est que le bourgmestre et le
conseiller ne purent se decider a prendre une decision a son egard.
D'ailleurs, de temps en temps, il continuait de passer, mais sans s'en
douter, dans les reves de l'inconsolable Tatanemance.
Quant au rival de Frantz, il abandonna genereusement la charmante Suzel
a son amoureux, qui s'empressa de l'epouser cinq ou six ans apres ces
evenements.
Et quant a Mme van Tricasse, elle mourut dix ans plus tard, en les
delais voulus, et le bourgmestre se maria avec Mlle Pelagie van
Tricasse, sa cousine, dans des conditions excellentes ... pour
l'heureuse mortelle qui devait lui succeder.
XVII
Ou s'explique la theorie du docteur Ox.
Qu'avait donc fait ce mysterieux docteur Ox? Une experience fantaisiste,
rien de plus.
Apres avoir etabli ses conduites de gaz, il avait sature d'oxygene pur,
sans jamais leur fournir un atome d'hydrogene, les monuments publics,
puis les maisons particulieres, et enfin les rues de Quiquendone.
Ce gaz, sans saveur, sans odeur, repandu a cette haute dose dans
l'atmosphere, cause, quand il est aspire, les troubles les plus serieux
a l'organisme. A vivre dans un milieu sature d'oxygene, on est excite,
surexcite, on brul
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