trefois quelqu'un viendra tirer ou emporter la couverture du lit, se
mettra dessus ou dessous icelle, ou se pourmenera par la chambre. On a veu
des gens a cheval ou a pied comme du feu, qu'on cognoissoit bien et qui
estoyent morts auparavant. Parfois aussi ceux qui estoyent morts en
bataille ou en leur lict venoyent appeler les leurs, qui les cognoissoyent
a la voix. Souventes fois on a veu la nuict des esprits trainans les pieds,
toussans et souspirans, lesquels estans interroguez, se disoyent estre
l'esprit de cestui ou de cestui la. Estans de rechef enquis comme on
pourroit les aider, requeroyent qu'on fit dire des messes, qu'on allast en
pelerinage et qu'ainsi ils seraient delivres. Puis apres sont apparus en
grande magnificence et clarte, disant qu'ils estoyent delivres et
remercyoient grandement leurs bienfaiteurs: promettans d'interceder pour
eux envers Dieu et la vierge Marie."
[Note 1: _Des apparitions des esprits, etc._]
"Melanchthon, dit le meme auteur[1], en son _Traite de l'ame_ escrit avoir
eu lui mesme plusieurs apparitions, et connu plusieurs personnes dignes de
foy qui affirmoyent avoir parle a des esprits. En son livre intitule
_Examen ordinandorum_, il dit avoir eu une tante soeur de son pere,
laquelle demeuree enceinte apres la mort de son mari, ainsi qu'elle estoit
assise pres du feu, deux hommes entrent en sa maison, l'un desquels
ressembloit au mari mort, et se donnoit a conoistre pour tel, l'autre de
fort haute taille, estoit vestu en cordelier. Celui qui ressembloit au mari
s'approche du fouyer, salue sa femme, la prie de ne s'estonner point,
disant qu'il venoit lui donner charge de faire quelque chose. Sur ce, il
commande au cordelier de se retirer dedans le poisle. Et ayant devise
longuement avec la femme, lui parlant de prestres et de messes, estant
prest a partir, il lui dit, tendant sa main: Touchez la; mais pour ce
qu'elle estoit saisie d'estonnement, il l'asseura qu'elle n'auroit aucun
desplaisir. Ainsi donc elle le toucha et combien que la main d'icelle ne
devinst impotente, tant y a qu'il la brusla tellement qu'elle fut tousiours
nouee depuis. Cela fait, il appelle le cordelier, puis tous deux
disparurent.
[Note 1: Livre I, ch. XIV.]
Suivant Le Loyer[1], "Jean Pic de la Mirandole apparut a Hierosme
Savonarolle, jacobin ferrarais, et luy dist qu'il souffrait les peines du
purgatoire pour n'avoir assez fait profiter le talent que Dieu luy avait
donne et pour avoir faict for
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