Qu'ils s'en aillent guerroyer
aux Pays-Bas, et voila ma tranquillite assuree. Combien en
reviendra-t-il?... Coligny me trahit-il comme madame la reine le
pretend? C'est possible! Mais la meilleure maniere de me debarrasser de
lui et de tous ses acolytes, n'etait-ce pas de lui donner une armee pour
l'envoyer loin du royaume? Lui parti, Henri de Bearn tenu en laisse par
Margot, qui m'aime, je n'avais plus que Guise devant moi, et j'en eusse
fait bon marche... Voila ma politique, a moi. Elle vaut bien celle de ma
mere!..."
Charles IX demeura enferme deux heures dans son cabinet, montrant par la
la douleur que lui causait l'evenement.
Puis, ayant dine en hate, il fit savoir a Catherine et a son frere,
le duc d'Anjou, qu'ils eussent a se preparer pour l'accompagner chez
l'amiral.
Bientot, la litiere se mit en route, escortee par une compagnie que
commandait de Cosseins, le capitaine des gardes du roi. Pendant tout
le trajet, le duc d'Anjou et Catherine affecterent de parler
continuellement d'un miracle qu'on avait constate, a
Saint-Germain-l'Auxerrois:
Trois jours auparavant, le mardi, de grand matin, le sacristain, etant
entre dans l'eglise, avait vu le benitier tout plein de sang, alors que,
la veille au soir, il etait rempli d'eau. Il s'agissait d'un miracle.
Et tout ce sang avait ete pieusement recueilli dans des ampoules, qu'on
avait portees a Notre-Dame.
A ce signe, il etait impossible de ne pas connaitre la volonte divine:
Dieu voulait du sang!
Charles IX avait ecoute tout cet entretien, sombre et silencieux, se
demandant peut-etre s'il n'etait pas dans l'erreur, et si le temps
n'etait pas venu de donner satisfaction a Dieu.
Cependant, lorsque la litiere arriva devant l'hotel de Coligny, le roi,
secouant la tete, parut se reprendre, et, se penchant, prononca les
paroles que nous avons signalees et qui furent accueillies par des cris
frenetiques de: "Vive le roi!".
Coligny etait couche lorsque Charles IX, Henri d'Anjou et Catherine
entrerent dans sa chambre. La pale figure du blesse rayonna de joie. Le
roi courut a lui et l'embrassa en disant:
--J'espere que ce miserable se balancera bientot au bout d'une corde.
J'espere que votre precieuse vie n'est pas en danger.
--Sire, dit Ambroise Pare qui se trouvait pres du lit, je reponds de la
vie de M. l'amiral. Dans quinze jours, il sera sur pied...
--Sire, dit a son tour Coligny, la joie que me cause la marque d'interet
qui m'est donnee par mon ro
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