la
seconde partie de la chasse.
Pour cette seconde partie de la chasse, Roland et sir John
changeraient aussi de fusils et seraient armes de carabines a deux
coups et de couteaux de chasse pointus comme des poignards,
affiles comme des rasoirs, qui faisaient partie de l'arsenal de
sir John, et qui pouvaient indifferemment se pendre au cote ou se
visser au bout du canon, en guise de baionnette.
Des la premiere battue, il fut facile de voir que la chasse serait
bonne: on tua un chevreuil et deux lievres.
A midi, trois daims, sept chevreuils et deux renards avaient ete
tues: on avait vu deux sangliers; mais, aux coups de gros plomb
qu'ils avaient recus, ils s'etaient contentes de repondre en
secouant la peau et avaient disparu.
Edouard etait au comble de la joie: il avait tue un chevreuil.
Comme il etait convenu, les rabatteurs, bien recompenses de la
fatigue qu'ils avaient prise, avaient ete envoyes au chateau avec
le gibier.
On sonna d'une espece de cornet pour savoir ou etait Michel;
Michel repondit.
En moins de dix minutes, les trois chasseurs furent reunis au
jardinier, a la meute et aux chevaux.
Michel avait eu connaissance d'un ragot; il l'avait fait detourner
par l'aine de ses fils: il etait dans une enceinte, a cent pas des
chasseurs.
Jacques -- c'etait l'aine des fils de Michel -- fourra l'enceinte
avec sa tete de meute, Barbichon et Ravaude; au bout de cinq
minutes, le sanglier tenait a la bauge.
On eut pu le tuer tout de suite, ou du moins le tirer, mais la
chasse eut ete trop tot finie; on lacha toute la meute sur
l'animal, qui, voyant ce troupeau de pygmees fondre sur lui,
partit au petit trot.
Il traversa la route; Roland sonna la vue, et, comme l'animal
prenait son parti du cote de la chartreuse de Seillon, les trois
cavaliers enfilerent le sentier qui coupait le bois dans toute sa
longueur.
L'animal se fit battre jusqu'a cinq heures du soir, revenant sur
ses voies et ne pouvant pas se decider a quitter une foret si bien
fourree.
Enfin, vers cinq heures, on comprit, a la violence et a
l'intensite des abois, que l'animal tenait aux chiens.
C'etait a une centaine de pas du pavillon dependant de la
chartreuse, a l'un des endroits les plus difficiles de la foret.
Il etait impossible de penetrer a cheval jusqu'a la bete. On mit
pied a terre.
Les abois des chiens guidaient les chasseurs, de maniere qu'ils ne
pouvaient devier du chemin qu'autant que les difficultes du
terrai
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