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Ce n'etait point une soeur, c'etait un spectre, on se le rappelle,
qui etait venu au-devant de lui.
Depuis l'arrivee de son fils, madame de Montrevel n'avait pas
perdu de vue Amelie, et, avec un etonnement douloureux, elle
s'etait apercue de l'effet que causait sur sa soeur la presence du
jeune officier; c'etait presque de l'effroi.
Il n'y avait qu'un instant encore, Amelie n'avait-elle pas profite
du premier moment de liberte qui s'etait offert a elle pour
remonter dans sa chambre, seul endroit du chateau ou elle parut se
trouver a peu pres bien, et ou elle passait, depuis six mois, la
plus grande partie de son temps.
La journee s'etait passee, pour Roland et pour sir John, a visiter
Bourg, comme nous l'avons dit, et a faire les preparatifs de la
chasse du lendemain.
Du matin a midi, on devait faire une battue; de midi au soir on
devait chasser a courre. Michel, braconnier enrage, retenu sur sa
chaise par une entorse, comme l'avait raconte le petit Edouard a
son frere, s'etait senti soulage des qu'il s'etait agi de chasse,
et s'etait hisse sur un petit cheval qui servait a faire les
courses de la maison, pour aller retenir les rabatteurs a Saint-
Just et a Montagnat.
Lui, qui ne pouvait ni rabattre ni courir, se tiendrait avec la
meute, les chevaux de sir John et de Roland et le poney d'Edouard,
au centre a peu pres de la foret, percee seulement d'une grande
route et de deux sentiers praticables.
Les rabatteurs, qui ne pouvaient suivre une chasse a courre,
reviendraient au chateau avec le gibier tue.
Le lendemain, a six heures du matin, les rabatteurs etaient a la
porte.
Michel ne devait partir avec les chiens et les chevaux qu'a onze
heures.
Le chateau des Noires-Fontaines touchait a la foret meme de
Seillon; on pouvait donc se mettre en chasse immediatement apres
la sortie de la grille.
Comme la battue promettait surtout des daims, des chevreuils et
des lievres, elle devait se faire a plomb. Roland donna a Edouard
un fusil simple qui lui avait servi a lui-meme quand il etait
enfant, et avec lequel il avait fait ses premieres armes; il
n'avait point encore assez de confiance dans la prudence de
l'enfant pour lui confier un fusil a deux coups.
Quant a la carabine que sir John lui avait donnee la veille,
c'etait un canon raye qui ne pouvait porter que la balle. Elle
avait donc ete remise aux mains de Michel, et devait, dans le cas
ou on lancerait un sanglier, etre remise a l'enfant pour
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