r s'assurer qu'ils
etaient charges.
Au moment ou le spectre se dessinait de toute sa hauteur, blanc,
sous la voute sombre du corridor, Roland fit feu.
La flamme illumina comme un eclair le corridor, dans lequel
continua de s'enfoncer le spectre, sans hater ni ralentir le pas.
Puis tout rentra dans une obscurite d'autant plus profonde que la
lumiere avait ete plus vive.
Le spectre avait disparu sous l'arcade sombre.
Roland s'y elanca a sa poursuite, tout en faisant passer son
second pistolet dans sa main droite.
Mais, si court qu'eut ete le temps d'arret, le fantome avait gagne
du chemin; Roland le vit au bout du corridor, se dessinant cette
fois en vigueur sur l'atmosphere grise de la nuit.
Il doubla le pas et arriva a l'extremite du corridor au moment ou
le spectre disparaissait derriere la porte de la citerne.
Roland redoubla de vitesse; arrive sur le seuil de la porte, il
lui sembla que le spectre s'enfoncait dans les entrailles de la
terre.
Cependant tout le torse etait encore visible.
-- Fusses-tu le demon, dit Roland, je te rejoindrai.
Et il lacha son second coup de pistolet, qui emplit de flamme et
de fumee le caveau dans lequel s'etait englouti le spectre.
Quand la fumee fut dissipee, Roland chercha vainement; il etait
seul.
Roland se precipita dans le caveau en hurlant de rage; il sonda
les murs de la crosse de ses pistolets, il frappa le sol du pied:
partout le sol et la pierre rendirent ce son mat des objets
solides.
Il essaya de percer l'obscurite du regard; mais c'etait chose
impossible: le peu de lumiere que laissait filtrer la lune
s'arretait aux premieres marches de la citerne.
-- Oh! s'ecria Roland, une torche! une torche!
Personne ne lui repondit; le seul bruit qui se fit entendre etait
le murmure de la source coulant a trois pas de lui.
Il vit qu'une plus longue recherche serait inutile, sortit du
caveau, tira de sa poche une poire a poudre, deux balles tout
enveloppees dans du papier, et rechargea vivement ses pistolets.
Puis il reprit le chemin qu'il venait de suivre, retrouva le
couloir sombre, au bout du couloir le refectoire immense, et alla
reprendre, a l'extremite de la salle muette, la place qu'il avait
quittee pour suivre le fantome.
La, il attendit.
Mais les heures de la nuit sonnerent successivement jusqu'a ce
qu'elles devinssent les heures matinales et que les premiers
rayons du jour teignissent de leurs tons blafards les murailles du
cloitr
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