ge, non moins recente, et qui semblait faire le
pendant de la premiere.
Une de ces taches etait a droite, l'autre a gauche de cette espece
de piedestal devant lequel milord avait dit qu'il etablirait son
domicile.
Roland s'approcha du piedestal; le piedestal etait ruisselant de
sang.
C'etait la evidement que le drame s'etait passe.
Le drame, s'il fallait en croire les traces qu'il avait laissees,
le drame avait ete terrible.
Roland, en sa double qualite de chasseur et de soldat, devait etre
un habile chercheur de piste.
Il avait pu calculer ce qu'a repandu de sang un homme mort, ou ce
qu'en repand un homme blesse.
Cette nuit avait vu tomber trois hommes morts ou blesses.
Maintenant, quelles etaient les probabilites?
Les deux taches de sang du choeur, celle de droite et celle de
gauche, etaient probablement le sang de deux des antagonistes de
sir John.
Le sang du piedestal, etait probablement le sien.
Attaque de deux cotes, a droite et a gauche, il avait fait feu des
deux mains et avait tue ou blesse un homme de chaque coup.
De la les deux taches de sang qui rougissaient le pave.
Attaque a son tour lui-meme, il avait ete frappe pres du
piedestal, et sur le piedestal son sang avait rejailli.
Au bout de cinq secondes d'examen, Roland etait aussi sur de ce
que nous venons de dire, que s'il avait vu la lutte de ses propres
yeux.
Maintenant qu'avait-on fait des deux autres corps et du corps de
sir John?
Ce qu'on avait fait des deux autres corps, Roland s'en inquietait
assez peu.
Mais il tenait fort a savoir ce qu'etait devenu celui de sir John.
Une trace de sang partait du piedestal et allait jusqu'a la porte.
Le corps de sir John avait ete porte dehors.
Roland secoua la porte massive; elle n'etait fermee qu'au pene.
Sous son premier effort elle s'ouvrit: de l'autre cote du seuil,
il retrouva les traces de sang.
Puis, a travers les broussailles, le chemin qu'avaient suivi les
gens qui emportaient le corps.
Les branches brisees, les herbes foulees conduisirent Roland
jusqu'a la lisiere de la foret donnant sur le chemin de Pont-d'Ain
a Bourg.
La, vivant ou mort, le corps semblait avoir ete depose le long du
talus du fosse.
Apres quoi, plus rien.
Un homme passa, venant du cote du chateau des Noires-Fontaines;
Roland alla a lui.
-- N'avez-vous rien vu sur votre chemin? n'avez-vous rencontre
personne? demanda-t-il.
-- Si fait, repondit l'homme, j'ai vu deux paysans
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