sanitaires, vous l'eussiez fait.
-- Je l'ai dit et je le repete, general; soldat, j'ai toujours ete
un fidele observateur de la discipline; ministre, je devenais un
esclave de la loi.
Bonaparte se mordit les levres.
-- Et vous direz apres cela que vous n'avez pas une inimitie
personnelle contre moi!
-- Une inimitie personnelle contre vous, general? repondit
Bernadotte; pourquoi cela? nous avons toujours marche a peu pres
sur le meme rang, j'etais meme general avant vous; mes campagnes
sur le Rhin, pour etre moins brillantes que vos campagnes sur
l'Adige, n'ont pas ete moins profitables a la Republique, et,
quand j'ai eu l'honneur de servir sous vos ordres en Italie, vous
avez, je l'espere, trouve en moi un lieutenant devoue, sinon a
l'homme, du moins a la patrie. Il est vrai que, depuis votre
depart, general, j'ai ete plus heureux que vous, n'ayant pas la
responsabilite d'une grande armee que, s'il faut en croire les
dernieres depeches de Kleber, vous avez laissee dans une facheuse
position.
-- Comment! d'apres les dernieres depeches de Kleber? Kleber a
ecrit?
-- L'ignorez-vous, general? Le Directoire ne vous aurait-il pas
communique les plaintes de votre successeur? Ce serait une grande
faiblesse de sa part, et je me felicite alors doublement d'etre
venu redresser dans votre esprit ce que l'on dit de moi, et vous
apprendre ce que l'on dit de vous.
Bonaparte fixa sur Bernadotte un oeil sombre comme celui de
l'aigle.
-- Et que dit-on de moi? demanda-t-il.
-- Un dit que, puisque vous reveniez, vous auriez du ramener
l'armee avec vous.
-- Avais-je une flotte? et ignorez-vous que Brueys a laisse bruler
la sienne?
-- Alors, on dit, general, que, n'ayant pu ramener l'armee, il eut
peut-etre ete meilleur pour votre renommee de rester avec elle.
-- C'est ce que j'eusse fait, monsieur, si les evenements ne
m'eussent pas rappele en France.
-- Quels evenements, general?
-- Vos defaites.
-- Pardon, general, vous voulez dire les defaites de Scherer?
-- Ce sont toujours vos defaites.
-- Je ne reponds des generaux qui ont commande nos armees du Rhin
et d'Italie que depuis que je suis ministre de la guerre. Or,
depuis ce temps-la, enumerons defaites et victoires, general, et
nous verrons de quel cote penchera la balance.
-- Ne viendrez-vous pas me dire que vos affaires sont en bon etat?
-- Non; mais je vous dirai qu'elles ne sont pas dans un etat aussi
desespere que vous affectez de le cr
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