ers et des
maitres de danse, et laissa le jeune homme parachever sa toilette.
Une fois la coiffure achevee, ce devait etre chose bientot faite;
la cravate, seule, prit un peu de temps a cause des brouillards
qu'elle necessitait, mais Morgan se tira de cette tache difficile
en homme experimente, et, a onze heures sonnantes, il etait pret a
monter en voiture.
Cadenette n'avait point oublie la commission: un fiacre attendait
a la porte.
Morgan y sauta en criant:
-- Rue du Bac, n deg. 60.
Le fiacre prit la rue de Grenelle, remonta la rue du Bac et
s'arreta au n deg. 60.
-- Voila votre course payee double, mon ami, dit Morgan, mais a la
condition que vous ne stationnerez pas a la porte.
Le fiacre recut trois francs et disparut au coin de la rue de
Varennes.
Morgan jeta les yeux sur la facade de la maison; c'etait a croire
qu'il s'etait trompe de porte, tant cette facade etait sombre et
silencieuse.
Cependant Morgan n'hesita point, il frappa d'une certaine facon.
La porte s'ouvrit.
Au fond de la cour s'etendait un grand batiment ardemment eclaire.
Le jeune homme se dirigea vers le batiment; a mesure qu'il
approchait, le son des instruments venait a lui.
Il monta un etage et se trouva dans le vestiaire.
Il tendit son manteau au controleur charge de veiller sur les
pardessus.
-- Voici un numero, lui dit le controleur; quant aux armes,
deposez-les dans la galerie, de maniere que vous puissiez les
reconnaitre.
Morgan mit le numero dans la poche de son pantalon, et entra dans
une grande galerie transformee en arsenal.
Il y avait la une veritable collection d'armes de toutes les
especes: pistolets, tromblons, carabines, epees, poignards. Comme
le bal pouvait etre tout a coup interrompu par une descente de la
police, il fallait qu'a la seconde chaque danseur put se
transformer en combattant.
Debarrasse de ses armes, Morgan entra dans la salle du bal.
Nous doutons que la plume puisse donner a nos lecteurs une idee de
l'aspect qu'offrait ce bal.
En general, comme l'indiquait son nom, bal des victimes, on
n'etait admis a ce bal qu'en vertu des droits etranges que vous y
avaient donnes vos parents envoyes sur l'echafaud par la
Convention ou la commune de Paris, mitrailles par Collot-
d'Herbois, ou noyes par Carrier; mais comme, a tout prendre,
c'etaient les guillotines qui, pendant les trois annees de terreur
que l'on venait de traverser, l'avaient emporte en nombre sur les
autres victi
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