e de bisser ma cavatine. Voici
ce que c'est: il s'agit tout simplement d'un reste du tresor des
ours de Berne, que, par ordre du general Massena, le general
Lecourbe a expedie au citoyen premier consul. Une misere, cent
mille francs, qu'on n'ose faire passer par le Jura a cause des
partisans de M. Teysonnet, qui seraient, a ce que l'on pretend,
gens a s'en emparer, et que l'on expedie par Geneve, Bourg, Macon,
Dijon et Troyes; route bien autrement sure, comme on s'en
apercevra au passage.
-- Tres bien!
-- Nous avons ete avises de la nouvelle par Renard, qui est parti
de_ _Gex a franc etrier, et qui l'a transmise a l'Hirondelle, pour
le moment en station a Chalons-sur-Saone, lequel ou laquelle l'a
transmise a Auxerre, a moi, Lecoq, lequel vient de faire quarante-
cinq lieues pour vous la transmettre a son tour. Quant aux details
secondaires, les voici. Le tresor est parti de Berne octodi
dernier, 28 nivose an VIII de la Republique triple et divisible.
Il doit arriver aujourd'hui duodi a Geneve; il en partira, demain
tridi avec la diligence de Geneve a Bourg; de sorte qu'en partant
cette nuit meme, apres-demain quintidi, vous pouvez, mes chers
fils d'Israel, rencontrer le tresor de MM. les ours entre Dijon et
Troyes, vers Bar-sur-Seine ou Chatillon. Qu'en dites-vous?
-- Pardieu! fit Morgan, ce que nous en disons, il me semble qu'il
n'y a pas de discussions la-dessus; nous disons que jamais nous ne
nous serions permis de toucher a l'argent de messeigneurs les ours
de Berne tant qu'il ne serait pas sorti des coffres de Leurs
Seigneuries; mais que, du moment ou il a change de destination une
premiere fois, je ne vois aucun inconvenient a ce qu'il en change
une seconde. Seulement comment allons-nous partir?
-- N'avez-vous donc pas la chaise de poste?
-- Si fait, elle est ici, sous la remise.
-- N'avez-vous pas des chevaux pour vous conduire jusqu'a la
prochaine poste?
-- Ils sont a l'ecurie.
-- N'avez-vous pas chacun votre passeport?
-- Nous en avons chacun quatre.
-- Eh bien?
-- Eh bien, nous ne pouvons pas arreter la diligence en chaise de
poste; nous ne nous genons guere, mais nous ne prenons pas encore
nos aises a ce point-la.
-- Bon! pourquoi pas? dit Montbar; ce serait original. Je ne vois
pas pourquoi, puisqu'on prend un batiment a l'abordage avec une
barque, on ne prendrait pas aussi une diligence a l'abordage avec
une chaise de poste; cela nous manque comme fantaisie; en
essayons-nous,
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