is aussi, j'y vais aussi, j'y vais aussi!
-- Bon! fit Roland, mais sais-tu a quelle chasse nous allons?
-- Non; je sais seulement que j'y vais.
-- Nous allons a la chasse au sanglier.
-- Oh! quel bonheur! fit l'enfant en frappant ses deux petites
mains l'une contre l'autre.
-- Mais tu es fou! dit madame de Montrevel en palissant.
-- Pourquoi cela, madame maman, s'il vous plait?
-- Parce que la chasse au sanglier est une chasse fort dangereuse.
-- Pas si dangereuse que la chasse aux hommes; tu vois bien que
mon frere est revenu de celle-la, je reviendrai bien de l'autre.
-- Roland, fit madame de Montrevel tandis qu'Amelie, plongee dans
une reverie profonde, ne prenait aucune part a la discussion,
Roland, fais donc entendre raison a Edouard, et dis-lui donc qu'il
n'a pas le sens commun.
Mais Roland, qui se revoyait enfant et qui se reconnaissait dans
son jeune frere, au lieu de le blamer, souriait a ce courage
enfantin.
-- Ce serait bien volontiers que je t'emmenerais, dit-il a
l'enfant; mais, pour aller a la chasse, il faut au moins savoir ce
que c'est qu'un fusil.
-- Oh! monsieur Roland, fit Edouard, venez un peu dans le jardin,
et mettez votre chapeau a cent pas, et je vous montrerai ce que
c'est qu'un fusil.
-- Malheureux enfant! s'ecria madame de Montrevel toute
tremblante; mais ou l'as-tu appris?
-- Tiens, chez l'armurier de Montagnat, ou sont les fusils de papa
et de frere Roland. Tu me demandes quelquefois ce que je fais de
mon argent, n'est-ce pas? Eh bien, j'en achete de la poudre et des
balles, et j'apprends a tuer les Autrichiens et les Arabes, comme
fait mon frere Roland.
Madame de Montrevel leva les mains au ciel.
-- Que voulez-vous, ma mere, dit Roland, bon chien chasse de race;
il ne se peut pas qu'un Montrevel ait peur de la poudre. Tu
viendras avec nous demain, Edouard.
L'enfant sauta au cou de son frere.
-- Et moi, dit sir John, je me charge de vous armer aujourd'hui
chasseur, comme on armait autrefois chevalier. J'ai une charmante
petite carabine que je vous donnerai et qui vous fera prendre
patience pour attendre vos pistolets et votre sabre.
-- Eh bien, demanda Roland, es-tu content, Edouard?
-- Oui; mais quand me la donnerez-vous? S'il faut ecrire en
Angleterre, je vous previens que je n'y crois pas.
-- Non, mon jeune ami: il ne faut que monter a ma chambre et
ouvrir ma boite a fusil; vous voyez que cela sera bientot fait.
-- Alors, montons-y tout
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