s aurons a revenir
un jour sur ces localites; et que, par consequent, nous desirons
qu'arrive a ce moment-la de notre recit, elles ne soient point
completement etrangeres a nos lecteurs.
L'escalier conduisait d'abord a l'antichambre de la prison, c'est-
a-dire a la chambre du concierge du presidial; puis, de cette
chambre, par un escalier de dix marches, on descendait dans une
premiere cour, separee de celle des prisonniers par une muraille
dans le genre de celle que nous avons decrite, mais percee de
trois portes; a l'extremite de cette cour, un couloir conduisait a
la chambre du geolier, laquelle donnait de plain-pied, a l'aide
d'un second couloir, dans des cachots pittoresquement appeles
cages.
Le geolier s'arreta a la premiere de ces cages, et, frappant a la
porte:
-- C'est ici, dit-il; j'avais mis la madame votre Mere et
mademoiselle votre soeur, afin que, si les cheres dames avaient
besoin de moi ou de Charlotte, elles n'eussent qu'a frapper.
-- Est-ce qu'il y a quelqu'un dans le cachot?
-- Personne.
-- Eh bien, faites-moi la grace de m'en ouvrir la porte; voici mon
ami, lord Tanlay, un Anglais philanthrope, qui voyage pour savoir
si l'on est mieux dans les prisons de France que dans celles
d'Angleterre. Entrez, milord, entrez.
Et, le pere Courtois ayant ouvert la porte, Roland poussa sir John
dans un cachot formant un carre parfait de dix a douze pieds sur
toutes les faces.
-- Oh! oh! fit sir John, l'endroit est lugubre.
-- Vous trouvez? Eh bien, mon cher lord, voila l'endroit ou ma
mere, la plus digne femme qu'il y ait au monde, et ma soeur, vous
la connaissez, ont passe six semaines, avec la perspective de n'en
sortir que pour aller faire un tour sur la place du Bastion;
remarquez bien qu'il y a cinq ans de cela; ma soeur en avait, par
consequent, douze a peine.
-- Mais quel crime avaient-elles donc commis?
-- Oh! un crime enorme: dans la fete anniversaire que la ville de
Bourg a cru devoir consacrer a la mort de l'Ami du peuple, ma mere
a refuse de laisser faire a ma soeur une des vierges qui portaient
les urnes contenant les larmes de la France. Que voulez-vous!
pauvre femme, elle avait cru avoir assez fait pour la patrie en
lui offrant le sang de son fils et de son mari, qui coulait pour
l'un, en Italie, pour l'autre, en Allemagne: elle se trompait. La
patrie, a ce qu'il parait, reclamait encore les larmes de sa
fille; pour le coup, elle a trouve que c'etait trop, du moment
surto
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