stime. Pour le moment, tenez pour tres serieux que je le considere
reellement comme un ami et repondez, s'il vous plait, a ma question:
Comment se fait-il que je ne le voie pas? Je le croyais de vos bons amis
a vous aussi, ma jolie Juana?
Il sembla a Juana qu'il y avait une intention de raillerie dans la facon
dont le chevalier prononca ces dernieres paroles. Mais, avec le seigneur
francais, il n'etait jamais facile de se prononcer nettement. Il avait
une si singuliere maniere de s'exprimer, il avait un sourire surtout si
deconcertant qu'on ne savait jamais avec lui. Aussi ne s'arreta-t-elle
pas a ce soupcon, et avec une moue enfantine:
--Il m'agacait, dit-elle, je l'ai chasse.
--Oh! oh! quel mefait a-t-il donc commis?
--Aucun, seigneur de Pardaillan, seulement... c'est un sot.
--Un sot!... le Chico! Voila ce que vous ne me ferez pas croire. C'est
un garcon tres fin au contraire, tres intelligent, et qui vous est, je
crois, tres attache. J'espere que ce renvoi n'est pas definitif et que
je le reverrai bientot ici.
--Oh! fit en riant Juana, il saura bien revenir sans qu'on ait besoin
de l'y convier. Jamais je n'ai vu drole aussi ehonte, aussi depourvu
d'amour-propre.
--Avec vous, peut-etre, dit Pardaillan, en riant franchement de l'air
depite avec lequel elle avait dit ces paroles. Il ne faudrait pas
trop s'y fier toutefois, et je crois que, si tout autre que vous se
permettait de lui manquer, le Chico ne se laisserait pas malmener aussi
benevolement que vous dites.
--Il est de fait qu'il a la tete assez pres du bonnet et ce n'est pas a
sa louange, convenez-en.
--Je ne trouve pas. En attendant, il me manque, a moi, le Chico. Quelle
que soit sa faute, j'implore son pardon, ma jolie hotesse.
Comme bien on pense, Juana aurait ete bien en peine de refuser quoi que
ce soit a Pardaillan. La grace fut donc magnanimement accordee. Bien
mieux, on courut a la recherche du Chico. Mais il demeura introuvable.
Pardaillan comprit que le nain avait du se terrer dans son gite
mysterieux et il n'insista pas davantage.
Reduit a la seule conversation des deux jeunes filles, il commencait a
trouver le temps quelque peu long lorsque le Torero vint le delivrer.
La Giralda se doutait bien que son fiance avait du se rendre chez cette
princesse qui pretendait connaitre sa famille et se disait en mesure de
lui reveler le secret de sa naissance. Mais, comme don Cesar etait parti
sans lui dire ou il allait, elle crut dev
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