oir garder pour elle le peu
qu'elle savait.
Cela, d'autant plus aisement que Pardaillan, avec sa discretion outree,
s'abstint soigneusement de toute allusion a l'absence du Torero. Il
pensait que, pour que don Cesar fut resolu a s'absenter alors qu'il
croyait sa fiancee en peril, c'est qu'il devait y avoir necessite
imperieuse. Le Torero lui avait fait demander de veiller sur sa fiancee:
il veillait. Il se demandait bien, non sans inquietude, ou pouvait etre
alle le jeune homme, mais il gardait ses impressions pour lui.
Quoi qu'il en soit, l'arrivee du Torero lui fut tres agreable.
Il l'accueillit donc avec ce bon sourire qu'il n'avait que pour ceux
qu'il affectionnait.
De son cote, le Torero eprouvait l'imperieux besoin de se confier a un
ami. Non pas qu'il hesitat sur la conduite a tenir, non pas qu'il eut
des regrets de la determination prise de refuser les offres de Fausta,
mais parce qu'il lui semblait que, dans l'extraordinaire aventure qui
lui arrivait, bien des points obscurs subsistaient, et il etait persuade
qu'un esprit delie comme celui du chevalier saurait projeter la lumiere
sur ces obscurites.
Resolu a tout dire a son nouvel ami, apres avoir remercie la petite
Juana avec une effusion emue, apres l'avoir assuree de son eternelle
gratitude, il entraina le chevalier dans une petite salle ou il lui
serait possible de s'entretenir librement avec lui et sans temoin, et en
meme temps de surveiller de pres l'entree du cabinet ou il laissait la
Giralda avec Juana. Une sorte d'instinct l'avertissait en effet que sa
fiancee etait menacee. Il n'aurait pu dire en quoi ni comment, mais il
se tenait sur ses gardes.
Lorsqu'ils se trouverent seuls, attables devant quelques flacons
poudreux, le Torero dit:
--Vous savez, cher monsieur de Pardaillan, que la maison ou nous nous
sommes introduits cette nuit et ou j'ai trouve ma fiancee appartient a
une princesse etrangere?
Pardaillan savait parfaitement a quoi s'en tenir. Neanmoins, il prit son
air le plus ingenument etonne pour repondre:
--Non, ma foi! J'ignorais completement ce detail.
--Cette princesse pretend connaitre le secret de ma naissance. J'ai
voulu en avoir le coeur net. Je suis alle la voir.
Pardaillan posa brusquement sur le bord de la table le verre qu'il
allait porter a ses levres, et malgre lui s'ecria:
--Vous avez vu Fausta?
--Je reviens de chez elle.
--Diable! grommela Pardaillan, voila ce que je craignais.
--Vous la connai
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