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a l'esprit du general. Que Clotilde soupconnat mon amour, c'etait parfait puisqu'elle le tolerait et meme l'encourageait d'une facon tacite, mais le general, c'etait une autre affaire: les peres ont le plus souvent, a l'egard de l'amour, des idees qui ne sont pas celles des jeunes filles. Il ne me fallut pas un long examen du fort pour voir que le pretexte de ma visite a Cassis etait aussi mal trouve que possible. Ce n'etait pas un fort, en effet, mais une mauvaise bicoque, tout au plus bonne a quelque chose a l'epoque de Henri IV ou de Louis XIII, comme me l'avait dit Clotilde. Jamais, bien certainement, l'idee n'avait pu venir a l'esprit d'un membre de la commission de la defense des cotes de se preoccuper de ce fort, et j'aurais sans doute bien du mal a faire accepter mon histoire par le general. Cependant, comme j'etais engage dans cette histoire et que je ne pouvais pas maintenant la changer, je me mis au travail et commencai mon dessin. C'etait ce dessin qui devait donner l'apparence de la verite a mon mensonge: quand un homme arrive un morceau de papier a la main, il a des chances pour qu'on l'ecoute et le prenne au serieux: le premier soin des lanceurs de speculations n'est-il pas de faire imprimer avec tout le luxe de la typographie et de la lithographie le livre a souche de leurs actions? et le bon bourgeois, qui eut garde son argent pour une affaire qui lui eut ete honnetement expliquee, l'echange avec empressement contre un chiffon de papier rose qu'on lui montre. A dix heures, j'avais fait deux petits croquis qui etaient assez avances pour que je pusse les laisser voir. Qui m'eut dit, il y a quinze ans, lorsque je travaillais le dessin avec gout et plaisir, que je tirerais un jour ce parti de ma facilite a manier le crayon? Mais tout sert en ce monde, et l'homme qui sait deux metiers vaut deux hommes. Dans les circonstances presentes, seul avec mon sabre, je serais reste embarrasse; j'ai trouve un auxiliaire dans un dessinateur qui est mon meilleur ami, et ce sera un fidele complice qui me rendra peut-etre plus d'un service. Le coeur me battait fort quand je sonnai a la porte du general Martory. La vieille servante qui s'etait trouvee la veille a l'arrivee de la voiture vint m'ouvrir, et a la facon dont elle m'accueillit, il me sembla qu'elle m'attendait. Neanmoins je lui remis ma carte en la priant de la porter au general et de demander a celui-ci s'il voulait bien me recevoir. --Ce n'est pas
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