le duel, monsieur, et j'etais en ce moment
ambassadeur de Sa Majeste.
-- C'est bien, dit Athos, mais raison de plus pour que j'aille
parler au roi.
-- Qu'allez-vous lui demander, monsieur?
-- L'autorisation de tirer l'epee contre celui qui nous a fait
cette offense.
-- Monsieur, si je n'ai point agi comme je devais agir, pardonnez-
moi, je vous en supplie.
-- Qui vous a fait un reproche, Raoul?
-- Mais cette permission que vous voulez demander au roi.
-- Raoul, je prierai Sa Majeste de signer a votre contrat de
mariage.
-- Monsieur...
-- Mais a une condition...
-- Avez-vous besoin de condition vis-a-vis de moi? ordonnez,
monsieur, et j'obeirai.
-- A la condition, continua Athos, que vous me direz le nom de
celui qui a ainsi parle de votre mere.
-- Mais, monsieur, qu'avez-vous besoin de savoir ce nom?
-- C'est a moi que l'offense a ete faite, et une fois la
permission obtenue de Sa Majeste, c'est moi que la vengeance
regarde.
-- Son nom, monsieur?
-- Je ne souffrirai pas que vous vous exposiez.
-- Me prenez-vous pour un don Diegue? Son nom?
-- Vous l'exigez?
-- Je le veux.
-- Le vicomte de Wardes.
-- Ah! dit tranquillement Athos, c'est bien, je le connais. Mais
nos chevaux sont prets, monsieur; au lieu de partir dans deux
heures, nous partirons tout de suite. A cheval, monsieur, a
cheval!
Chapitre XCI -- Monsieur est jaloux du duc de Buckingham
Tandis que M. le comte de La Fere s'acheminait vers Paris,
accompagne de Raoul, le Palais-Royal etait le theatre d'une scene
que Moliere eut appelee une bonne comedie.
C'etait quatre jours apres son mariage; Monsieur, apres avoir
dejeune a la hate, passa dans ses antichambres, les levres en
moue, le sourcil fronce.
Le repas n'avait pas ete gai. Madame s'etait fait servir dans son
appartement.
Monsieur avait donc dejeune en petit comite. Le chevalier de
Lorraine et Manicamp assistaient seuls a ce dejeuner, qui avait
dure trois quarts d'heure sans qu'un seul mot eut ete prononce.
Manicamp, moins avance dans l'intimite de Son Altesse Royale que
le chevalier de Lorraine, essayait vainement de lire dans les yeux
du prince ce qui lui donnait cette mine si maussade. Le chevalier
de Lorraine, qui n'avait besoin de rien devenir, attendu qu'il
savait tout, mangeait avec cet appetit extraordinaire que lui
donnait le chagrin des autres, et jouissait a la fois du depit de
Monsieur et du trouble de Manicamp.
Il prenait pl
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