agrins; qui passe quelquefois des semaines entieres dans son cabinet,
et qui emploie tous les jours sept ou huit heures a l'etude; qui cherche
rarement les occasions de se rejouir; qui resiste meme a celles qui lui
sont offertes, et qui prefere une heure d'entretien avec un ami de
bon sens a tout ce qu'on appelle _plaisirs du monde_ et passe-temps
agreables: civil d'ailleurs, par l'effet d'une excellente education,
mais peu galant; d'une humeur douce, mais melancolique; sobre enfin et
regle dans sa conduite. Je me suis peint fidelement, sans examiner si ce
portrait flatte mon amour-propre ou s'il le blesse."
[Note 99: On remarque, il est vrai, dans ce _nombre_ une circonstance
qui semblerait indiquer une autre plume que la sienne. C'est qu'on y
parle, deux pages plus loin, de la _Bibliotheque des Romans_ de Gordon
de Percel (Lenglet-Dufresnoy), en des termes qui ne s'accordent pas tout
a fait avec ceux du nombre 47. Or le nombre 47, consacre a une defense
personnelle, est bien expressement de Prevost. Mais on doit croire
que Prevost, alors en Angleterre, ne parla la premiere fois de la
_Bibliotheque des Romans_ que d'apres quelques renseignements et sans
l'avoir lue. D'ailleurs, outre la physionomie de l'eloge, qui ne dement
pas la paternite presumee, ce numero ou il est question de _Manon
Lescaut_ fait partie d'une serie dont Prevost s'est avoue le redacteur.
Walter Scott, de nos jours, n'a-t-il pas ecrit ainsi, sans plus de
facon, des articles d'eloges sur ses propres romans?]
_Le Pour et Contre_ nous offre aussi une foule d'anecdotes du jour, de
faits singuliers, veritables ebauches et materiaux de romans; l'histoire
de dona Maria et la vie du duc de Riperda sont les plus remarquables. Un
savant Anglais, M. Hooker, s'etait plu, dans un journal de son pays,
a developper une comparaison ingenieuse de l'antique retraite de
Cassiodore avec l'_Arcadie_ de Philippe Sydney et le pays de Forez au
temps de Celadon. Cassiodore deja vieux, comme on sait, et degoute de la
cour par la disgrace de Boece, se retira au monastere de Viviers, qu'il
avait bati dans une de ses terres, et s'y livra avec ses religieux a
l'etude des anciens manuscrits, surtout a celle des saintes Lettres, a
la culture de la terre et a l'exercice de la piete. Prevost s'etend avec
complaisance sur les douceurs de cette vie commune et diverse; c'est
evidemment son ideal qu'il retrouve dans ce monastere de Cassiodore;
c'est son Saint-Germain-des-Pres, son La
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