ue _le Globe_ n'eut pour
but que de faire arriver plus commodement au pouvoir messieurs les
doctrinaires grands et petits, apres avoir passe six longues annees a
s'encenser les uns les autres. Peu de mots remettront a leur place ces
ignorances et ces injures. M. Dubois, destitue, traduisait la Chronique
de Flodoard pour la collection de M. Guizot, ecrivait quelques articles
aux _Tablettes universelles_, qui trop tot manquerent, se devorait enfin
dans l'intimite d'hommes fervents, etouffes comme lui, et dans
les conversations brulantes de chaque jour. M. Leroux, qui, apres
d'excellentes etudes faites a Rennes au meme college que M. Dubois,
et avant de prendre rang comme une des natures de penseur les plus
puissantes et les plus ubereuses d'aujourd'hui, etait simplement ouvrier
typographe, M. Leroux avait imagine, avec M. Lachevardiere, imprimeur,
d'entreprendre un journal utile, compose d'extraits de litterature
etrangere, d'analyses des principaux voyages et de faits curieux et
instructifs rassembles avec choix. Il communiqua son cadre d'essai a M.
Dubois, qui jugea que, dans cette simple idee de magasin a l'anglaise,
il n'y avait pas assez de chance d'action; qu'il fallait y implanter une
portion de doctrine, y introduire les questions de liberte litteraire,
se poser contre la litterature imperiale, et, sans songer a la politique
puisqu'on etait en pleine Censure, fonder du moins une critique nouvelle
et philosophique. Des deux idees combinees de MM. Leroux et Dubois,
naquit _le Globe_; mais celle de M. Dubois, bien que venue a l'occasion
de l'autre, etait evidemment l'idee active, saillante et necessaire;
aussi imprima-t-il au _Globe_ le caractere de sa propre physionomie.
M. Leroux y maintint toutefois sur le second plan l'execution de son
projet; et toute cette matiere de voyages, de faits etrangers, de
particularites scientifiques, qui occupa longtemps les premieres pages
du _Globe_ avant l'invasion de la politique quotidienne, etait menagee
par lui. Sous le rapport des doctrines et de l'influence morale, M.
Leroux ne se fit d'ailleurs au _Globe_, jusqu'en 1830, qu'une position
bien inferieure a ses rares merites et a sa portee d'esprit; par
modestie, par fierte, cachant des convictions entieres sous une bonhomie
qu'on aurait du forcer, il s'effaca trop; quatre ou cinq morceaux de
fonds qu'il se decida a y ecrire frapperent beaucoup, mais ne l'y
assirent pas au rang qu'il aurait fallu. Il dirigeait le materiel du
jo
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