herchant la raison; et il s'apercut
que sur l'auvent une pancarte etait collee. Il alluma bien vite une
allumette-bougie, et lut ces mots traces d'une grande ecriture inegale:
"_Ferme pour cause de premiere communion_."
Alors il s'eloigna, comprenant bien que c'etait fini.
L'ivrogne maintenant dormait, etendu tout de son long en travers de la
porte inhospitaliere.
Et le lendemain, tous les habitues, l'un apres l'autre, trouverent moyen
de passer dans la rue avec des papiers sous le bras pour se donner une
contenance; et, d'un coup d'oeil furtif, chacun lisait l'avertissement
mysterieux: "_Ferme pour cause de premiere communion_."
II
C'est que Madame avait un frere etabli menuisier en leur pays natal,
Virville, dans l'Eure. Du temps que Madame etait encore aubergiste a
Yvetot, elle avait tenu sur les fonts baptismaux la fille de ce frere
qu'elle nomma Constance, Constance Rivet; etant elle-meme une Rivet par
son pere. Le menuisier, qui savait sa soeur en bonne position, ne la
perdait pas de vue, bien qu'ils ne se rencontrassent pas souvent,
retenus tous les deux par leurs occupations et habitant du reste loin
l'un de l'autre. Mais comme la fillette allait avoir douze ans, et
faisait, cette annee-la, sa premiere communion, il saisit cette
occasion d'un rapprochement, et il ecrivit a sa soeur qu'il comptait sur
elle pour, la ceremonie. Les vieux parents etaient morts, elle ne
pouvait refuser a sa filleule; elle accepta. Son frere, qui s'appelait
Joseph, esperait qu'a force de prevenances il arriverait peut-etre a
obtenir qu'on fit un testament en faveur de la petite, Madame etant sans
enfants.
La profession de sa soeur ne genait nullement ses scrupules, et, du
reste, personne dans le pays ne savait rien. On disait seulement en
parlant d'elle: "Madame Tellier est une bourgeoise de Fecamp", ce qui
laissait supposer qu'elle pouvait vivre de ses rentes. De Fecamp a
Virville on comptait au moins vingt lieues; et vingt lieues de terre
pour des paysans sont plus difficiles a franchir que l'Ocean pour un
civilise. Les gens de Virville n'avaient jamais depasse Rouen; rien
n'attirait ceux de Fecamp dans un petit village de cinq cents feux,
perdu au milieu des plaines et faisant partie d'un autre departement.
Enfin on ne savait rien.
Mais, l'epoque de la communion approchant, Madame eprouva un grand
embarras. Elle n'avait point de sous-maitresse, et ne se souciait
nullement de laisser sa maison, meme pendant u
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