r aux longs bras qui se plient
Seul se plaigne sur vous.
Au moins, si l'on pouvait, quand la lune blafarde,
Ouvrant ses yeux sereins aux cils d'argent regarde
Et jette un reflet bleu
Autour du cimetiere, entre les tombes blanches,
Avec le feu follet dans l'herbe et sous les branches,
Se promener un peu!
S'en revenir chez soi, dans la maison, theatre
De sa premiere vie, et frileux, pres de l'atre,
S'asseoir dans son fauteuil,
Feuilleter ses bouquins et fouiller son pupitre
Jusqu'au moment ou l'aube illuminant la vitre,
Vous renvoie au cercueil.
Mais non; il faut rester sur son lit mortuaire,
N'ayant pour se couvrir que le lin du suaire,
N'entendant aucun bruit,
Sinon le bruit du ver qui se traine et chemine
Du cote de sa proie, ouvrant sa sourde mine,
Ne voyant que la nuit.
Puis, s'ils etaient jaloux, les morts, tout ce que Dante
A place de tourments dans sa spirale ardente
Pres des leurs seraient doux.
Amants, vous qui savez ce qu'est la jalousie,
Ce qu'on souffre de maux a cette frenesie,
Un cadavre jaloux!
Impuissance et fureur! Etre la, dans sa fosse,
Quand celle qu'on aimait de tout son amour, fausse
Aux beaux serments jures,
En se raillant de vous, dans d'autres bras repete
Ce qu'elle vous disait, rouge et penchant la tete
Avec des mots sacres.
Et ne pouvoir venir, quelque nuit de decembre,
Pendant qu'elle est au bal, se tapir dans sa chambre,
Et lorsque, de retour,
Rieuse, elle defait au miroir sa toilette,
Dans le cristal profond reflechir son squelette
Et sa poitrine a jour,
Riant affreusement, d'un rire sans gencive,
Marbrer de baisers froids sa gorge convulsive,
Et, tenaillant sa main,
Sa main blanche et rosee avec sa main osseuse,
Faire raler ces mots d'une voix caverneuse
Qui n'a plus rien d'humain:
"Femme, vous m'avez fait des promesses sans nombre.
Si vous oubliez, vous, dans ma demeure sombre,
Moi je me ressouviens.
Vous avez dit a l'heure ou la mort me vint prendre,
Que vous me suivriez bientot; lasse d'attendre,
Pour vous chercher je viens!"
Dans un repli de moi, cette pensee etrange
Est la comme un cancer qui m'use et qui me mange;
Mon oeil en devient creux;
Sur mon front nuager de nouveaux plis se fouillent,
De cheveux et de chair mes tempes se depouillent,
Car ce serait affreux!
La mort ne serait plus le remede s
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