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il est vrai, au bonheur des autres, elle dedaignait et meconnaissait leurs profondes et durables satisfactions; mais c'est de moi seul, ou d'elle-meme en vue de moi seul, qu'elle etait incessamment preoccupee. Toutes ses pensees etaient a moi, elle oubliait d'etre amie et soeur, et meme presque d'etre mere, tout cela pour moi, son tourment, son dieu, son ennemi, son idole! Pouvais-je trouver le blame dans mon coeur? Et cet amour exclusif n'avait-il pas ete mon reve? Tous les matins, un peu avant l'aube, nous echangions nos lettres au moyen d'un caillou que Bianca venait lancer par-dessus le mur et que je lui renvoyais avec mon message. L'impunite nous avait rendus temeraires. Un matin, reveille comme d'habitude avec les alouettes, je recus mon tresor accoutume, et je lancai ma reponse anticipee; mais tout aussitot je reconnus qu'on marchait dans l'allee, et que ce n'etait plus le pas furtif et leger de la jeune confidente: c'etait une demarche ferme et reguliere, le pas d'un homme. J'allai regarder a la fente du mur; je crus, dans le crepuscule, reconnaitre Valvedre. C'etait lui en effet. Que venait-il faire chez les Obernay a pareille heure, lui qui avait aupres d'eux son domicile solitaire? Une jalousie effroyable s'empara de moi, a ce point que je m'eloignai instinctivement de la muraille, comme s'il eut pu entendre les battements de mon coeur. J'y revins aussitot. J'epiai, j'ecoutai avec acharnement. Il semblait qu'il eut disparu. Avait-il entendu tomber le caillou? Avait-il apercu Bianca? S'etait-il empare de ma lettre? Baigne d'une sueur froide, j'attendis. Il reparut au bout de dix minutes avec Henri Obernay. Ils marcherent en silence, jusqu'a ce qu'Obernay lui dit: --Eh bien, mon ami, qu'y a-t-il donc? Je suis a vos ordres. --Ne penses-tu pas, lui repondit Valvedre a voix haute, qu'on pourrait entendre de l'autre cote du mur ce qui se dit ici? --Je n'en repondrais pas, si l'endroit etait habite; mais il ne l'est pas. --Cela appartient toujours au juif Manasse? --Qui, par parenthese, n'a jamais voulu le vendre a mon pere; mais il demeure beaucoup plus loin. Pourtant, si vous craignez d'etre entendu, sortons d'ici; allons chez vous. --Non, restons la, dit Valvedre avec une certaine fermete. Et, comme si, maitre de mon secret et certain de ma presence, il eut voulu me condamner a l'entendre, il ajouta: --Asseyons-nous la, sous la tonnelle. J'ai un long recit a te faire, et je sens que je dois
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