e, chere madame. On est
d'accord pour desirer de vous complaire et de vous obeir en tout. Vous
avez emporte un morceau de notre coeur, et cela sans crier gare. C'est
mal a vous de ne pas nous avoir donne le temps de baiser vos belles
mains et de vous dire ce que je vous dis ici: Guerissez votre amie, ne
vous fatiguez pas trop et revenez vite, car je suis au bout de mes
histoires pour faire prendre patience a Edmond et pour endormir Paolino.
Paule vous ecrit. Mon pere et ma mere vous offrent leurs plus affectueux
compliments, et Rosa veut que je vous dise qu'elle a bien soin du gros
myrte que vous aimez, et dont elle veut mettre une fleur dans ma lettre
avec un baiser pour vous."
--Quelle confiance en mon retour! dit Alida quand j'eus fini de lire, et
quel contraste entre les preoccupations de cette heureuse enfant et les
eclairs de notre Sinai! Eh bien, qu'as-tu, toi? manques-tu de courage?
Ne vois-tu pas que plus il m'en faut, plus il m'en vient? Tu dois
trouver que j'ai ete bien injuste envers mon mari, envers la soeur ainee
et envers cette innocente Adelaide! Trouve, va! tu ne me feras pas plus
de reproches que je ne m'en fais! J'ai doute de ces coeurs excellents et
purs, je les ai nies pour m'etourdir sur le crime de mon amour! Eh bien,
a present que j'ouvre les yeux et que je vois quels amis je t'ai
sacrifies, je me reconcilie avec ma faute, et je me releve de mon
humiliation. Je suis contente de me dire que tu ne m'as pas ramassee
comme un oiseau chasse du nid et juge indigne d'y reprendre sa place. Tu
n'en as pas moins eu tout le merite de la pitie, et tu as trouve dans
ton coeur genereux la force de me recueillir, un jour que je me croyais
avilie et que tu m'avais vu fouler aux pieds. Mais, aujourd'hui, voila
Valvedre qui se recracte et qui m'appelle, voila Juste qui me tend les
bras en s'agenouillant devant moi, et la douce Adelaide qui me montre
mes enfants en me disant qu'ils m'attendent et me pleurent! Je puis
retourner aupres d'eux et y vivre independante, servie, caressee,
remerciee, pardonnee, benie! A present, tu es libre, cher ange; tu peux
me quitter sans remords et sans inquietude; tu n'as rien gate, rien
detruit dans ma vie. Au contraire, ce mari tres-sage, ces amis
tres-craintifs du _qu'en dira-t-on_ me menageront d'autant plus qu'ils
m'ont vue prete a tout rompre. Tu le vois, nous pouvons nous quitter
sans qu'on raille nos ephemeres amours. Henri lui-meme, ce Genevois
mal-appris, me fera amende ho
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