vec un accent de douceur
infinie:
--Alida!
Elle s'agita et se leva comme un spectre, retomba, ouvrit les yeux, fit
un cri dechirant, et jeta ses deux bras au cou de Valvedre.
Quelques instants encore, et elle retrouva la parole et le regard; mais
ce qu'elle disait, je ne l'entendis pas. J'etais cloue a ma place,
foudroye par un conflit d'emotions inexprimables. Valvedre ne semblait,
m'a-t-on dit, faire aucune attention a moi. Moserwald me prit
vigoureusement le bras et m'entraina hors de la chambre.
J'y fus en proie a un veritable egarement. Je ne savais plus ou j'etais,
ni ce qui venait de se passer. Le medecin vint me secourir a mon tour,
et je l'aidai de tout l'effort de ma volonte, car je me sentais devenir
fou, et je voulais etre de force a accomplir jusqu'au bout mon affreuse
destinee. Revenu a moi, j'appris qu'Alida etait calme, et pouvait vivre
encore quelques jours ou quelques heures. Son mari etait seul avec elle.
Le medecin se retira, disant que le nouveau venu paraissait en savoir
autant que lui pour les soins a donner en pareille circonstance. Bianca
ecoutait a travers la porte. J'eus un acces d'humeur contre elle, et je
la poussai brusquement dehors. Je ne voulais pas me permettre d'entendre
ce que Valvedre disait a sa femme en ce moment supreme; la curiosite de
cette fille, quelque bien intentionnee qu'elle fut, me paraissait etre
une profanation.
Reste seul avec Moservald dans le salon qui touchait a la chambre
d'Alida, je demeurai morne et comme frappe d'une religieuse terreur.
Nous devions nous tenir la, tout prets a secourir au besoin. Moserwald
voulait ecouter, comme avait fait Bianca, et je savais qu'on pouvait
entendre en approchant de la porte. Je le gardai d'autorite aupres de
moi a l'autre bout du salon. La voix de Valvedre nous arrivait douce et
rassurante, mais sans qu'aucune parole distincte en put confirmer pour
nous les inflexions. La sueur me coulait du front, tant j'avais de peine
a subir cette inaction, cette incertitude, cette soumission passive en
face de la crise supreme.
Tout a coup, la porte s'ouvrit doucement, et Valvedre vint a nous. Il
salua Moserwald et lui demanda pardon de le laisser seul, en le priant
de ne pas s'eloigner; puis il s'adressa a moi pour me dire que madame de
Valvedre desirait me voir. Il avait la politesse et la gravite d'un
homme qui fait les honneurs de sa propre maison au milieu d'un malheur
domestique.
Il rentra chez Alida avec moi, et, co
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