uge decele des resolutions plus completes que je ne
croyais devoir lui en attribuer.
"D'apres les trois mots par lesquels elle a cru suffisant de clore une
existence de devoirs reciproques, je vois qu'elle craignait un eclat de
ma part. C'etait mal me connaitre. Il me suffisait, a moi, qu'elle sut
mon jugement sur son compte, ma compassion pour ses souffrances, les
limites de mon indulgence pour ses fautes; mais, puisqu'elle n'en a pas
juge ainsi, il me parait necessaire qu'elle reflechisse de nouveau sur
ma conduite et sur celle qu'il lui convient d'adopter. Tu lui
communiqueras donc ma lettre. J'ignore si, en te parlant, j'ai prononce
le mot de _divorce_, dont elle m'attribue la premeditation. Je suis
certain de n'avoir envisage cette eventualite que dans le cas ou,
foulant aux pieds l'opinion, elle me mettrait dans l'alternative ou de
contraindre sa liberte, ou de la lui rendre entiere. Je ne peux pas
hesiter entre ces deux partis. L'esprit de la legislation que j'ai
reconnue en l'epousant prononce dans le sens d'une liberte reciproque,
quand une incompatibilite eprouvee et constatee de part et d'autre est
arrivee a compromettre la dignite du lien conjugal et l'avenir des
enfants. Jamais, quoi qu'il arrive, je n'invoquerai contre celle que
j'avais choisie, et que j'ai beaucoup aimee, le pretexte de son
infidelite. Grace a l'esprit de la reforme, nous ne sommes pas condamnes
a nous nuire mutuellement pour nous degager. D'autres motifs
suffiraient; mais nous n'en sommes pas la, et je n'ai point encore de
motifs assez evidents pour exiger qu'_elle_ se prete a une rupture
legale.
"Elle a cru pourtant, dans un moment d'irritation, me donner ce motif en
m'ecrivant qu'elle comptait se remarier. Je ne suis pas homme a profiter
d'une heure de depit; j'attendrai une insistance calme et reflechie.
"Mais probablement elle tient a savoir si je desire le resultat qu'elle
provoque, et si j'ai aspire pour mon compte a la liberte de contracter
un nouveau lien. Elle tient a le savoir pour rassurer sa conscience ou
satisfaire sa fierte. Je lui dois donc la verite. Je n'ai jamais eu la
pensee d'un second mariage, et, si je l'avais eue, je regarderais comme
une lachete de ne l'avoir pas sacrifiee au devoir de respecter, dans
toute la limite du possible, la sincerite de mon premier serment.
"Cette limite du possible, c'est le cas ou madame de V... afficherait
ses nouvelles relations. C'est aussi le cas ou elle me reclamerait de
sa
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