uyaient, vous avez rendu
a la reverende superieure un service qu'elle ne saurait oublier... Je
vais de ce pas lui en parler, et vous serez recompenses.
--Et quelle sera notre recompense, ma soeur?...
--Je ferai en sorte que vous soyez choisis comme chantres de notre
chapelle.
--Ma soeur, dit Picouic, excusez encore cette question: quel est le
paiement accorde a vos chantres?
--Nous ne les payons pas, dit Mariange avec dignite; les ressources du
couvent sont trop reduites pour le moment; mais le couvent ne saurait
manquer de devenir tres riche dans peu de temps... Alors, vous serez
paye double...
--Tenez, ma soeur, fit Picouic, j'aime autant vous le dire tout de
suite: je suis d'une modestie dont vous n'avez pas idee, je souffre
d'avance a l'idee de recevoir les eloges de la sainte et reverende mere
abbesse... je vous en prie, ne lui parlez pas de nous...
--Vraiment? fit Mariange, qui d'ailleurs, chargee de veiller sur
Violetta, ne tenait nullement a raconter a l'abbesse la tentative de
fuite due a sa negligence.
--C'est tel que je vous le dis. Ni mon ami M. Croasse ni moi-meme, nous
ne voudrions accepter les hautes fonctions de chantres, dont nous ne
sommes pas dignes. Nous nous contenterons de ce que vous venez de nous
promettre, c'est-a-dire la faveur du ciel, et la votre.,.
--Ah! s'ecria Croasse, nous ne vous quittons plus!
--Comment, vous ne nous quittez plus! s'ecria soeur Mariange
interloquee.
--Mon Dieu, oui, nous nous installons ici... Ne craignez rien, ma soeur!
Vous serez amplement dedommagee de l'hospitalite que vous allez nous
donner. D'abord, nous cultiverons pour vous; ensuite, nous surveillerons
etroitement les deux paiennes...
Soeur Mariange entrevit le parti qu'elle pouvait tirer de deux
serviteurs qui feraient sa besogne, et surtout qui deviendraient deux
geoliers pour les drolesses heretiques dont elle avait la garde.
--C'est dit! fit-elle tout a coup.
--Quoi? s'ecria Picouic, vous consentez a nous donner l'hospitalite?
--Certes... et de grand coeur...
--Et a... nous... nourrir?
--Sans aucun doute!...
--Venez, dit soeur Mariange aux deux hercules ravis.
Toute la bande se dirigea alors vers le pavillon voisin de la breche, et
y entra.
--Voila, reprit Mariange, vous habiterez la; ce soir, a la nuit, avec
soeur Philomene, nous vous apporterons de la bonne paille fraiche, que
nous prendrons dans les ecuries de l'abbesse. Vous ne vous montrerez
pas, lorsque nos
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