e.
Claude s'avanca de quelques pas, s'arreta devant Farnese, sans le
toucher, et prononca:
--Monseigneur, ce jour et cette heure sont venus. Vous m'appartenez, et
je vais user de mon droit!...
--Soit! rala le cardinal avec un accent de farouche desespoir... puisque
vous avez acquis droit de vie et de mort sur moi.., tuez-moi!
--Monseigneur, ce n'est pas vous que je dois tuer. Vous faites erreur...
repondit simplement Claude.
--Et qui donc? balbutia le cardinal en tressaillant.
--Fausta! dit Claude.
--Fausta!... Pourquoi elle et non moi?...
--Parce que je veux que vous viviez, monseigneur! Tandis qu'en tuant
Fausta je ne fais qu'executer le pacte qui nous lie!... Ensemble nous
avons convenu que cette femme doit mourir. Ecoutez, monseigneur, je
tuerai Fausta... je la tuerai devant vous... mais, vous, je vous
laisserai vivre.
--Demon! gronda le cardinal. Oh! je te comprends!...
--Le vingt et un octobre, on doit vous venir chercher de la part de
Fausta, continua Claude, pour vous conduire devant le concile. Ce
jour-la, vous devez Sortir de l'Eglise et recouvrer votre liberte...
Le lendemain, monseigneur, vous devez quitter Paris avec Leonore et
Violetta... Eh bien, ecoutez ceci: le vingt et un octobre, il n'y aura
pas de concile! Nul ne viendra vous chercher de la part de Fausta, parce
que Fausta sera morte!...
Le cardinal haletait. Claude lui appuya sa large main sur l'epaule.
--Grace! hurla Farnese en tombant a genoux.
--Me faites-vous grace, vous?...
--Oui! rugit Farnese avec un terrible soupir.
--Vous consentez donc?
--Oui, oui! Tout ce que tu m'as demande, je l'accorde!...
Le cardinal se releva alors et darda vers le ciel un regard ou il y
avait une interrogation supreme... Claude, lui, avait baisse les yeux.
D'une voix redevenue humble, avec une douceur et une tristesse etranges,
il murmura:
--Je vous remercie, monseigneur!...
--Oh! gronda Farnese en lui-meme, honte affreuse! Ma fille vivant avec
le bourreau!...
Et, a ce moment, maitre Claude le bourreau songeait a ceci:
--Ma Violetta, ne crains rien de moi! Ne redoute pas que je t'inflige la
honte de vivre pres du bourreau!... Que j'assure seulement ton bonheur!
Que je te voie une fois resplendissante de ta felicite pres du jeune
prince que tu aimes... que tu tiendras de moi!... Et alors... adieu pour
toujours... je disparaitrai... dans la mort!...
XI
LA MERE
La matinee etait pure. Huit heures venaient de s
|