ut elever votre fille dans une religion qui etait la
votre... Souvenez-vous. Votre pere n'etait pas catholique...
--Non... nous n'allions jamais a l'eglise catholique...
--Vous etiez ce qu'on appelle des huguenots... Le procureur Fourcaud
voulut donc que Jeanne... votre fille, fut elevee dans la religion
des huguenots, qui etait celle de votre pere et la votre.. religion
proscrite...
--Oui, oui, helas!... Combien des notres sont morts!
--C'est vrai. Fourcaud a donc ete denonce comme heretique, et jete en
prison ou il est mort...
--Denonce!... Oh! si je connaissais le denonciateur!... J'irais lui
arracher le coeur!
--Je sais par qui cet homme de bien a ete denonce, dit alors lentement
Fausta. Ce ne fut pas par un homme, mais par une femme... une jeune
fille...
--C'est atroce!
--Oui... vous avez raison... c'est atroce... car le pauvre Fourcaud fut
supplicie... on l'attacha sur une croix... et on l'y laissa mourir...
--Et vous dites que vous la connaissez?
--Certes!... C'est elle-meme une heretique, une de ces filles sans feu
ni lieu... une sorte de chanteuse qui suivait une troupe de bohemes...
son nom est Violetta...
--Violetta!... Et c'est elle qui l'a fait mourir sur une croix?...
--C'est elle!... Mais il semble que ce nom de Violetta ne vous soit pas
inconnu?...
--Je la connais, en effet, dit Saizuma d'une voix sombre. J'ai vecu avec
elle. Car, moi-meme, je suivais cette troupe de bohemes. Elle chantait.
Sa voix m'allait au coeur. Quelquefois, quand je la regardais, j'avais,
envie de la serrer dans mes bras... mais elle semblait avoir peur de
moi...
--Ou plutot, c'etait une creature perverse, dit sourdement Fausta.
Une de ces filles qui n'ont pitie de rien ni de personne, puisqu'elle
n'avait pas pitie de votre malheur...
--C'est vrai, dit Saizuma avec un soupir, il fallait que ce fut une
creature bien perverse pour denoncer le bienfaiteur de ma fille...
Tenez, madame, ne parlons plus d'elle!...
--Elle merite pourtant un chatiment!...
--Oui! oh! un chatiment terrible!... Malheur a cette fille du demon si
mon enfant a souffert par elle!...
--Certes, elle a souffert, puisqu'elle-meme a ete en prison!... Elle
vous le dira...
--Elle me le dira! Je la verrai donc!...
--Je vous l'ai promis...
--Quand?... Ah! madame... si cela etait!... Si je pouvais seulement
savoir le jour...
--Des demain, dit Fausta, si c'est possible. Certainement d'ici quelques
jours... Je vous jure qu
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