inconnue qui l'avait
delivree. Qui etait cette femme?
Lorsque Jeanne Fourcaud parut devant Fausta, elle ne la reconnut pas,
puisque Fausta portait un masque la nuit ou elle etait descendue dans
les cachots de la Bastille. La pauvre petite etait tremblante. Elle
etait bien jolie aussi.
--Je suis, dit doucement Fausta, celle qui est descendue dans votre
cachot de la Bastille et vous a delivree...
Jeanne jeta un cri de joie. Ses yeux s'illuminerent. Elle s'avanca
rapidement, saisit une main de Fausta et la baisa...
--Oh! madame! murmura-t-elle, combien je suis heureuse de pouvoir vous
remercier!
Elle s'arreta, hesitante, et, timidement, leva sur Fausta ses yeux noyes
de larmes.
--Parlez sans crainte, mon enfant, dit Fausta avec une douceur qui
bouleversa la pauvre petite.
--Oui, dit-elle, je sens, je devine combien vous devez etre bonne... je
puis donc vous dire que, si je vous ai benie depuis cette nuit-la,
j'ai beaucoup pleure... madame, ma soeur Madeleine... quand dois-je la
retrouver?
Si impassible que fut Fausta, si terrible que fut la pensee qui la
guidait, elle ne put s'empecher de frissonner.
--Vous reverrez votre soeur Madeleine, dit-elle... mais, mon enfant,
je suis venue vous trouver ici, ou je vous ai mise a l'abri, pour vous
entretenir d'un sujet bien grave... Dites-moi, vous rappelez-vous votre
pere?...
--Helas! madame, balbutia la malheureuse qui eclata en sanglots, comment
pourrais-je l'avoir oublie, alors qu'il y a quatre mois a peine mon
pauvre pere, plein de vie, nous prodiguait encore ses caresses, a ma
soeur et a moi?...
--Et votre mere?
--Madame, vous ne savez donc pas que ma mere est morte peu de temps
apres m'avoir donne le jour?
Ma soeur Madeleine, plus agee que moi, pourra sans doute vous parler
d'elle...
--Et qu'en disait votre soeur?... Quelle femme etait votre mere?...
Belle, n'est-ce pas?
--Tres belle, madame; Madeleine me disait que notre mere etait d'une
admirable beaute...
--N'avait-elle pas des yeux bleus?... De grands cheveux blonds?...
--C'est bien le portrait que m'en a souvent trace Madeleine... Mais,
madame... auriez-vous connu ma mere?...
--Je la connais, dit Fausta simplement.
--Oh!... mais... vous parlez comme si ma mere n'etait pas morte depuis
de longues annees deja...
--Dites-moi, mon enfant, reprit Fausta, est-ce que votre pere vous
parlait de votre mere?...
--Jamais, madame...
Fausta eut un tressaillement de joie.
--San
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