s doute mon pauvre pere cherchait a ecarter de lui de penibles
souvenirs.
--Et si je vous disais qu'il y a une autre explication plus naturelle
au silence de votre pere?... Si je vous disais que votre mere n'est
pas morte? Supposez qu'a la suite d'une grande terreur votre mere
soit tombee malade... Supposez qu'elle soit... par exemple... devenue
folle...
Jeanne fremissait de tout son etre.
--Si cela est, continua Fausta, si votre mere, a la suite de quelque
catastrophe, a perdu la raison, si votre pere a desespere de la guerir,
si enfin dans un acces de sa folie, elle a disparu, et si votre pere,
apres l'avoir longtemps cherchee, a du renoncer a la retrouver, n'est-il
pas naturel qu'il vous ait fait croire qu'elle etait morte?... Eh bien,
Jeanne, tout ce que je viens de vous dire est l'exacte verite!...
Jeanne tomba a genoux et se prit, a sangloter doucement. Fausta se
pencha vers Jeanne Fourcaud, la releva et lui dit doucement:
--Ne pleurez pas, pauvre petite... Ou plutot... oui, pleurez... car
votre mere, helas! n'est pas encore guerie... Seulement je sais, moi, le
moyen de lui rendre la raison... C'est de vous conduire a elle... C'est
vous, vous seule, qui pouvez guerir votre mere...
XIII
FIN DE LA VIE DE COCAGNE
Quelques jours se passerent et l'on arriva a la veille de ce vingt
et unieme d'octobre ou Fausta devait detruire d'un seul coup ses
ennemis--et Violetta!
Pardaillan et le duc d'Angouleme devaient etre amenes a midi par
Maurevert et succomber sous les coups des gens d'armes de Guise.
Fausta se reservait de faire prevenir a onze heures le duc de Guise que
le chevalier et son compagnon se trouvaient a Montmartre; les gens
de Guise arriveraient a l'abbaye presque en meme temps que les deux
gentilshommes.
Fausta avait parfaitement calcule son affaire: prevenir le duc plus tot,
c'etait le mettre en presence de Violetta vivante encore, et Guise,
amoureux de la petite bohemienne, etait tout a fait capable de la
sauver.
L'execution de Violetta etait fixee a dix heures, en presence de son
pere et de sa mere, Fausta le voulait ainsi. Fausta comptait que la mort
de Violetta serait aussi la mort du cardinal Farnese et de Leonore.
Apres cette hecatombe, il ne resterait plus a Fausta qu'a consoler le
duc de Guise de la mort de Violetta, chose facile, pensait-elle.
Et, alors, on marcherait sur Blois. Alors, c'etait la mort de Henri
III. Alors, c'etait la royaute de Guise... le triomphe de
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