son.
Cette fois, Picouic palit. Il se passait quelque chose de nouveau
et d'anormal dans le couvent. Alors il decida d'aller observer les
evenements.
Se faufilant d'arbre en arbre, il ne tarda pas a gagner le pavillon, et
le contourna avec sa prudence habituelle. Un etrange spectacle frappa
alors ses yeux. Derriere le pavillon, une vingtaine d'ouvriers
s'occupaient activement, sous les ordres de l'abbesse Claudine de
Beauvilliers elle-meme, a diverses besognes.
Il se prepare ici une fete religieuse...
Telle fut la premiere pensee de Picouic. En effet, voici ce qui se
passait.
Derriere le pavillon, s'etendait une esplanade bordee d'un cote par le
pavillon lui-meme, d'un autre par le mur d'enceinte, et bordee au fond
par un massif de cypres entourant le cimetiere des benedictines.
Sur le derriere du pavillon, s'ouvrait une porte; en sorte qu'une
personne entree dans ce vieux batiment par la porte situee pres de
la breche (maintenant bouchee) pouvait, par cette porte de derriere,
aboutir directement sur cette esplanade face au massif de cypres
cloturant le cimetiere.
Maintenant, qu'on se figure que ce pavillon lui-meme n'etait que le
prolongement ou pour mieux dire le vestibule d'une batisse plus vaste,
qui avait du jadis s'elever sur cette esplanade.
Cette batisse avait disparu; elle s'en etait allee en ruine. Mais
quelques debris encore debout permettaient de supposer que le batiment,
ruine par le temps et l'incurie, avait du etre sans doute affecte au
service religieux.
Entre deux colonnes, Picouic put apercevoir les restes d'un haussement
dalle de marbre, et qui avait peut-etre supporte le maitre-autel!... Il
regarda avec anxiete.
Or, a quoi s'occupait cette compagnie d'ouvriers dont Picouic suivait
les faits et gestes? Une partie d'entre eux raclait l'herbe qui avait
pousse, nettoyait les marches de marbre, et cette sorte d'estrade dallee
sur laquelle sans doute s'etait eleve le maitre-autel. Ils raclaient
egalement et lavaient a grande eau une stalle de marbre... une de ces
stalles reservees a l'officiant, dans les grandes ceremonies.
Au-dessus de cette stalle, de ce siege marmoreen, d'autres ouvriers
dressaient un dais en etoffe brochee. Et la stupefaction de Picouic fut
a son comble et confina a la terreur lorsqu'il eut constate que, sur
la retombee de ce dais, se croisaient les clefs symboliques de saint
Pierre...
Qui allait donc s'asseoir la?... et cette terreur du brave Picouic
devin
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