re fils?
La paysanne, sortant sur le pas de sa porte, dit quelques mots a un
marmot qui partit en courant.
Vingt minutes plus tard, le fils de la paysanne arrivait.
--Ou est la bohemienne? demanda Fausta.
--La-bas, fit le jeune homme en etendant le bras dans la direction du
couvent.
--Conduis-moi aupres d'elle...
Le paysan s'inclina et se mit a marcher devant Fausta. Il contourna les
murs du couvent et parvint a la breche situee pres du pavillon. La,
Fausta apercut Saizuma, qui, assise sur une pierre et dominant ainsi les
terrains de culture du couvent, regardait fixement devant elle.
--Tu peux te retirer, dit-elle a son guide.
Alors Fausta franchit la breche sans que la bohemienne parut prendre
garde a elle. Quand elle fut dans le jardin, elle se retourna vers
Saizuma, et d'une voix tres douce:
--Pauvre femme... pauvre mere...
Saizuma abaissa son regard sur la femme qui lui parlait ainsi, et la
reconnut aussitot. Saizuma n'avait vu Fausta que peu d'instants dans
la chambre de l'abbesse, Claudine de Beauvilliers; et pourtant elle la
reconnut.
--Ah! dit-elle avec une sorte de repulsion, c'est vous qui m'avez parle
de l'eveque!...
Fausta fut stupefaite, mais resolut de profiter de ce qu'elle prenait
pour un acces de lucidite.
--Leonore de Montaigues, dit-elle, oui, c'est moi qui vous ai parle de
l'eveque. C'est moi qui vous ai conduite vers lui, dans ce pavillon.
Mais je croyais que, peut-etre, vous l'aimiez encore...
--L'eveque est mort, dit Saizuma d'une voix sourde.
Fausta baissa la tete, reflechissant a ce qu'elle pourrait dire pour
eveiller une etincelle de raison dans ce cerveau.
--Ainsi, reprit-elle, vous croyez que l'eveque est mort?
--Sans doute! fit Saizuma avec une tranquillite farouche. Sans quoi,
serais-je vivante, moi?...
--Eh bien, vous avez raison plus que vous ne croyez peut-etre. Mais
ecoutez-moi, pauvre femme... Vous avez bien souffert dans votre vie...
--Mon mal n'est pas de ceux qu'on peut soulager, dit Saizuma avec
douceur, et il suffit que vous m'ayez plainte avec votre ame... Comme
vous etes belle!
--Leonore, vous avez ete plus belle encore, vous! dit sourdement Fausta.
Vous avez souffert dans votre coeur, Leonore! et c'est pourquoi vous
ne croyez plus au bonheur... Mais si je vous disais que le bonheur est
encore possible pour vous!
--Je ne suis pas Leonore; je suis Saizuma, bohemienne qui va par le
monde, lisant dans la main des gens...
--Tu es
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