puisque vous voila libre? dit Huguette.
Pardaillan et Charles d'Angouleme reprirent dans l'hotellerie les
chambres qu'ils y avaient occupees. La journee, la nuit, et encore la
journee et la nuit se passerent paisiblement. Ce repos n'etait pas de
trop apres les secousses de toute nature qu'avaient subies Pardaillan
et son compagnon. Il etait d'ailleurs necessaire pour leur permettre
d'etablir un plan d'operations.
Le troisieme jour au matin, ils sortirent de bonne heure. Et, pour
mettre un peu d'ordre dans la chronologie de ces divers evenements qui
se croisent, il n'est peut-etre pas inutile de faire remarquer que, ce
matin-la, il y avait quatre jours que Jacques Clement se trouvait dans
le cachot de penitence du couvent des jacobins.
Pardaillan se precipita vers la vieille rue du Temple.
--Nous allons donc a l'hotel de Guise? demanda Charles, chemin faisant.
--Sinon a l'hotel, du moins aux abords, pour y rencontrer, si possible,
le sire de Maurevert. Celui-ci n'ignore rien de ce que fait, dit ou
pense le duc de Guise. Or, vous admettrez que, si quelqu'un au monde
sait ou se trouve la dame de vos pensees, c'est Guise. Apres tout,
peut-etre pensez-vous qu'il vaut mieux s'adresser a Dieu qu'a ses
saints. Donc, si vous le voulez, nous allons entrer dans l'hotel et
penetrer jusqu'au duc a travers les deux cents gardes ou gentilshommes
qu'il a autour de lui.
--Ce que vous dites la est impossible, dit le jeune duc. Mais, enfin
pourquoi nous adresser de preference a Maurevert plutot qu'a tel autre
familier de Guise?
--Parce que je veux faire coup double, arranger a la fois vos affaires
et les miennes; vous savez que j'ai un vieux compte avec Maurevert et
que je cours apres lui depuis fort longtemps...
L'explication etait plausible, et soulagea le jeune duc de la vague
inquietude qu'il commencait a eprouver. Bientot, les deux compagnons
arriverent pres de la grande porte de l'hotel ou stationnait toujours
une certaine foule de badauds qui discutaient en gesticulant. Dans
cette foule, Pardaillan et Charles d'Angouleme passerent parfaitement
inapercus et se glisserent dans un groupe assez epais au centre duquel
perorait un homme qui exposait ses idees.
Pendant deux heures, le chevalier et le petit duc demeurerent les
yeux fixes sur cette porte grande ouverte a tout venant, et Charles
commencait a trouver que l'idee d'aller trouver le duc lui-meme n'etait
pas mauvaise, quitte a y laisser ses os, lorsque Pardail
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