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Un rire terrible secoua Maurevert. Fausta alors comprit comme elle ne
l'avait pas encore compris...
--Pardonnez-moi, haleta l'homme, je ris depuis cet apres-midi... je ris
comme jamais je n'ai pu rire depuis seize ans!... Ecoutez-moi, madame,
nous n'avons qu'a preparer l'embuscade: une centaine d'hommes solides et
bien armes suffiront. Car, Pardaillan ne se doute de rien. Sa confiance,
voyez-vous, est prodigieuse; au fond, c'est un imbecile... Il m'a donne
rendez-vous, demain, a dix heures, a la Ville-l'Eveque; le reste nous
regarde!...
Fausta, appuyee sur le bras de son fauteuil, pensive, considerait cette
manifestation de haine avec une curiosite effrayante.
--Ils etaient tous deux sur les pentes de Montmartre, continua
Maurevert, car ils n'osent rentrer dans Paris. Ils sont a la recherche
de la petite bohemienne. Je marchais, je montais, j'allais a l'abbaye...
et, tout a coup, j'ai vu Pardaillan... Et j'ai vu que j'allais mourir,
madame! j'ai vu cela dans ses yeux... Alors, la peur, la hideuse peur
qui me tient depuis tant d'annees, m'a mordu au coeur et je suis tombe
a genoux... et j'ai demande grace!... Ah! il ne manquait que cela a ma
haine!... Cette chose plus affreuse que tout ce que j'avais pu supposer:
il m'a fait grace.
Fausta eut un bref tressaillement.
--Il m'a fait grace de la vie! continua Maurevert. Et, je vous le dis,
madame, cela manquait a ma haine!... Voici: il m'a fait grace pour que
je puisse lui dire demain ou se trouve la petite bohemienne!...
Maurevert fut secoue de nouveau par son effroyable rire.
"Demain! murmura Fausta. Demain... a dix heures... a la Ville-l'Eveque."
Elle songeait... elle cherchait une solution...
Ah! certes, ce n'etait pas la solution exterieure qui l'occupait!...
Prendre Pardaillan? S'emparer de lui? C'etait facile en l'occurrence!...
Quels que fussent le courage, la force et la ruse de Pardaillan, il
succomberait infailliblement!...
Non! ce n'etait pas la ce qui l'inquietait! La solution qu'elle
cherchait etait interieure...
Depuis la scene de la cathedrale de Chartres, un travail etrange se
faisait dans le coeur de cette femme. Il y avait en elle de la haine et
de l'amour a poids egaux...
La haine, c'etait l'orgueil. L'amour, c'etait la verite.
Une seconde avant que Maurevert eut indique le moyen de s'emparer de
Pardaillan, Fausta songeait a le tuer. Une seconde apres que Maurevert
eut parle, cette decision n'existait plus. Dans les d
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