fuser, et, quand je lui aurai dit que ma vie
depend du renseignement que je lui demande, a l'instant meme j'aurai
l'indication voulue...
Charles regarda Pardaillan. Et ce regard voulait dire:
--Il n'y a pas a hesiter...
C'etait aussi l'avis du chevalier, qui dit a Maurevert:
--Nous sommes au 12 octobre... le 21, a midi, aux environs de la porte
Montmartre, nous y serons, monsieur.
--Je puis donc partir, messieurs?
--Partez, monsieur, repondit Pardaillan, de cette voix rude qu'il avait
depuis quelques minutes.
Maurevert sauta en selle.
--A vous revoir, messieurs, le 21 octobre, a midi, dit-il alors.
J'entreprends une besogne difficile et perilleuse. Mais y eut-il
mille difficultes, mille dangers, ce serait encore avec joie que je
l'entreprendrais, car le souvenir de la journee d'hier ne s'effacera
jamais de mon coeur.
Aussitot, il mit son cheval au petit galop et s'eloigna pour rejoindre
directement la route de Blois. Pardaillan, pensif, le regarda tant qu'il
put le voir.
--Que dites-vous de cela? lui demanda alors le jeune duc.
--Je dis, fit Pardaillan en passant une main sur son front, que cet
homme est moins mauvais que je n'avais suppose...
--Il prend bien la route de Blois...
--La route du pardon! murmura Pardaillan.
X
LE CARDINAL
Le lendemain du jour ou Maurevert s'etait mis en route sur Blois, Fausta
sortit de son palais en litiere fermee, sans escorte. Elle portait un
vetement sombre.
La litiere s'arreta sur la place de Greve, pres du fleuve. Fausta, sans
prendre les precautions dont elle s'entourait toujours, marcha vers la
maison ou nous avons a diverses reprises introduit le lecteur. Elle
heurta le marteau, a plusieurs reprises, jusqu'a ce qu'un homme vint
ouvrir. Cet homme, ce n'etait pas celui qu'elle avait place la, naguere;
dans la maison, il n'y avait plus une creature a elle...
--Je viens, dit-elle, pour consulter Son Eminence le cardinal Farnese...
Le serviteur la regarda avec etonnement et repondit:
--Vous vous trompez, madame. Celui que vous dites n'est pas ici. Il n'y
a d'ailleurs dans toute la maison que moi qui suis charge de la garder.
--Mon ami, dit Fausta souriant, allez dire a votre maitre que je viens
lui parler de Leonore de Montaigues...
Alors, du fond de l'ombre que formait la voute du porche, quelqu'un se
detacha, s'approcha lentement, ecarta le serviteur, et d'une voix qui
tremblait:
--Daignez entrer, madame, dit-il.
Cette ombre
|