lair illumina l'oeil de Fausta.
Elle comprit qu'elle venait de porter au cardinal un coup decisif. Cet
homme etait donc encore ce qu'il avait toujours ete... le faible qui
n'ose prendre de decision.
--Cardinal, reprit Fausta, je n'essaierai pas de vous ecraser sous une
generosite qui n'existe pas; si je vous ai laisse vivre, si je vous
offre de vous rendre Leonore et de vous rendre votre fille, c'est que
j'ai besoin de vous.
--Violetta! murmura Farnese ebloui... Toute ma vie!...
Et une esperance plus ferme, plus lucide rentra dans ce coeur. Car il
connaissait l'orgueil et l'ambition de Fausta, et il fallait, en effet,
qu'elle eut bien besoin de lui pour parler comme elle venait de faire.
--Parlez, madame, dit-il d'une voix fremissante.
--Eh bien, dit Fausta, j'ai besoin de vous, Farnese! Tandis que je suis
ici, tandis que je prepare les grand evenements que vous connaissez.
Sixte, rentre en Italie, travaille avec sa prodigieuse activite... Notre
plan initial, qui etait d'attendre la mort de ce vieillard pour nous
declarer, ce plan est renverse... D'abord, Sixte ne meurt pas! Ensuite,
ce qui se passe en Italie nous oblige a precipiter les choses... En
France, tout va bien... Valois va succomber et bientot ce royaume aura
le roi de notre choix.
--C'est donc en Italie que ma faible puissance pourrait vous etre
utile?... demanda Farnese, tres attentif.
--Oui, l'Italie m'echappe. Plusieurs de nos cardinaux ont fait leur
soumission au Vatican. Une grande quantite d'eveques demeurent dans
l'attente, prets a se retourner contre moi au premier coup qui me
frappera. Or, c'est vous, Farnese. qui aviez entraine la plupart de ces
eveques et de ces cardinaux... C'est lorsqu'ils vous ont vu separe de
moi qu'ils ont tourne leur sourire vers le vieux Sixte.
Un profond soupir de sourde joie souleva la poitrine du cardinal. Oui,
tout cela etait vrai!
--Voici donc ce que je suis venue vous demander... Il s'agirait,
cardinal, de vous rendre en Italie, de voir les hesitants, et surtout
ceux qui se declarent contre nous. Vous avez sur eux un ascendant qu'ils
ont tous reconnus. Mais, pour frapper leurs esprits d'une terreur
salutaire, vous leur direz ce qui est la stricte verite...
Ici, Fausta s'arreta, hesitante.
--Parlez, madame, dit Farnese, parlez sans crainte: meme si nous devions
etre ennemis, les secrets que vous me confiez demeureront scelles dans
mon coeur.
--Eh bien, s'ecria Fausta, dites-leur donc, a ces
|