rons alors causer...
Maurevert montait toujours... Pardaillan se remit en marche, et soudain,
a un detour de roches eboulees, il apercut la croix de bois qui marquait
l'endroit ou il avait enterre son pere.
Contre cette croix, Pardaillan entrevit une forme immobile. Qu'etait-ce
que cette forme... Une femme?... Que faisait-elle la?... Pardaillan n'y
preta aucune attention et la vit a peine.
Maurevert, en passant pres de la tombe du vieux Pardaillan, s'etait
arrete. Lui aussi, sans aucun doute, songeait a cette lointaine journee
d'aout, rayonnante comme celle-ci, ou, dans ce coin paisible, il avait
bondi d'un buisson pour frapper Loise de Montmorency!...
Maurevert jeta les yeux au loin, vers un point de la pente ou se
trouverait aujourd'hui la place Ravignan. La, il vit un cheval attache
a un arbre, et, pres de ce cheval, une voiture attelee de deux betes
vigoureuses. Un laquais surveillait le tout, assis a l'ombre des
chataigniers.
--Bon! fit Maurevert. Tout est pret!... Dans vingt minutes la petite
bohemienne est a moi... Ce que j'en ferai? peu importe, pourvu qu'elle
ne soit ni a l'imbecile duc incapable de me proteger, ni surtout a l'ami
de Pardaillan!... Je l'enferme dans la voiture, je saute a cheval...
Dans quatre jours au plus, je suis a Orleans... et, la nous verrons!...
Allons! Adieu, Guise! Adieu, Pardaillan!...
En prononcant ces mots, Maurevert s'etait retourne vers Paris avec un
sombre regard...
Pardaillan etait devant lui, a vingt pas!
Sur un signe de Pardaillan, le duc d'Angouleme qui marchait pres de lui
s'arreta et, saisissant l'intention de son compagnon, se croisa les
bras, pour exprimer que, dans ce qui allait se passer, il allait etre
temoin et non acteur. Le chevalier continua de s'avancer seul; mais,
quand il fut a dix pas de Maurevert, il s'arreta egalement.
Maurevert etait seul... seul en face de Pardaillan!...
Il comprit que toute tentative de defense etait vaine, car Pardaillan,
c'etait plus que le Droit et la Justice, c'etait la Represaille vivante
qui se dressait au nom des morts, pour un combat loyal, a armes
egales!...
Et, dans un combat a armes egales, Maurevert contre Pardaillan, c'etait
le chacal contre le lion.
Maurevert, ayant regarde a droite et a gauche, avec cette expression
d'epouvante qui decomposait son visage, murmura quelque chose de confus
qui voulait dire:
--Que me voulez-vous?...
Pardaillan parla alors,..
--Remarquez, monsieur, dit-il, que j
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