nt le plus belles et les meilleures de tout la Syrie;
mais c'est une chose curieuse de voir comment ils les brunissent. Cette
operation se fait avant la trempe. Ils ont pour cela une petite piece de
bois dans laquelle est ente un fer; ils la passent sur la lame et enlevent
ainsi se; inegalites de meme qu'avec un rabot on enleve celles du bois;
ensuite ils la trempent, puisla polissent. Ce poli est tel que quand
quelqu'un veut arranger son turban, il se sert de son epee comme d'un
mirior. Quant a la trempe, elle est si parfaite que nulle part encore je
n'ai vu d'epee trancher aussi bien.
On fait aussi a Damas et dans le pays des miroirs d'acier qui grossissent
les objets comme un miroir ardent. J'en ai vu qui, quand on les exposoit au
soleil, percoient, a quinze ou seize pieds de distance, une planche et y
mettoient le feu.
J'achetai un petit cheval, qui se trouva tres-bon. Avant de partir je le
fis ferrer a Damas; et de la jusqu'a Bourse, quoiqu'il y ait pres de
cinquante journees, je n'eus rien a fair a ses pieds, excepte a l'un de
ceux de devant, ou il prit une enclosure qui trois semaines apres le fit
boiter. Voici comme ils ferrent leurs chevaux.
Les fers sont legers, tres-minces, allonges sur les talons, et plus amincis
encore la que vers la pince. Ils n'ont point de retour [Footnote: Je crois
que par retour la Brocquiere a entendu ce crochet nomme crampon qui est aux
notres, et qu'il a voulu dire que ceux de Damas etoient plats.] et ne
portent que quartre trous, deux de chaque cote. Les clous sont carres, avec
une grosse et lourde tete. Faut-il appliquer le fer: s'il est besoin qu'on
le retravaille pour l'ajuster, on le bat a froid sans le mettre au feu, et
on le peut a cause de son peu d'epaisseur. Pour parer le pied du cheval on
se sert d'une serpette pareille a celle qui est d'usage en-de-ca de la mer
pour tailler la vigne.
Les chevaux de ce pays n'ont que le pas et le galop. Quand on en achete, on
choisit ceux qui ont le plus grand pas: comme en Europe on prend de
preference ceux qui trottent le mieux. Ils ont les narines tres-fendues
courent tres bien, sont excellens, et d'ailleurs coutent tres-peu,
puisqu'ils ne mangent que la nuit, et qu'on ne leur donne qu'un peu d'orge
avec de la paille picquade (hachee). Jamais ile ne boivent que
l'apres-midi, et toujours, meme a l'ecurie, on leur laisse la bride en
bouche, comme aux mules. La ils sont attaches par les pieds de derriere et
confondus tous ensemble,
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