de pesant; mais il n'entroit
dans les chambres que tres rarement et a petit bruit."
"On m'a raconte plusieurs fois qu'un religieux de l'ordre de Citeaux avoit
un genie familier qui le servoit, accommodoit sa chambre, et preparoit
toutes choses lorsqu'il devoit revenir de campagne. On y etoit si
accoutume, qu'on l'attendoit a ces marques, et qu'il arrivoit en effet. On
assure d'un autre religieux du meme ordre qu'il avoit un esprit familier
qui l'avertissoit non seulement de ce qui se passoit dans la maison, mais
aussi de ce qui arrivoit au dehors; et qu'un jour, il fut eveille par trois
fois, et averti que des religieux s'etoient pris de querelles et etoient
prets a en venir aux mains, il y accourut et les arreta.
"On nous a raconte plus d'une fois qu'a Paris, dans un seminaire, il y
avoit un jeune ecclesiastique qui avoit un genie qui le servoit, lui
parloit, arrangeoit sa chambre et ses habits. Un jour le superieur passant
devant la chambre de ce seminariste l'entendit qui parloit avec quelqu'un;
il entra, et demanda avec qui il s'entretenoit: le jeune homme soutint
qu'il n'y avoit personne dans sa chambre, et en effet le superieur n'y vit
et n'y decouvrit personne; cependant comme il avoit oui leur entretien, le
jeune homme lui avoua qu'il avoit depuis quelques annees un genie familier,
qui lui rendoit tous les services qu'auroit pu faire un domestique, et qui
lui avoit promis de grands avantages dans l'etat ecclesiastique. Le
superieur le pressa de lui donner des preuves de ce qu'il disoit: il
commanda au genie de presenter une chaise au superieur; le genie obeit.
L'on donna avis de la chose a Monseigneur l'archeveque, qui ne jugea pas a
propos de la faire eclater. On renvoya le jeune clerc, et on ensevelit dans
le silence cette aventure si singuliere."
"Guillaume, eveque de Paris[1], dit qu'il a connu un baladin qui avoit un
esprit familier qui jouoit et badinoit avec lui, et qui l'empechoit de
dormir, jettant quelque chose contre la muraille, tirant les couvertures du
lit, ou l'en tirant lui-meme lorsqu'il etoit couche. Nous scavons par le
rapport d'une personne fort sensee qu'il lui est arrive en campagne et en
plein jour de se sentir tirer le manteau et les bottes, et jetter a bas le
chapeau; puis d'entendre des eclats de rire et la voix d'une personne
decedee et bien connue qui sembloit s'en rejouir."
[Note 1: Guillelm. Paris, 2 part. quaest. 2, c. 8.]
"Voici, rapporte dom Calmet[1], une histoire d
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