noir qui n'etait
autre que le diable, lequel lui apprenait ce qui se passait partout. Ce
chien noir se tenait dans le cabinet de Corneille Agrippa couche sur des
tas de papiers, pendant que son maitre travaillait. Au moment de mourir et
presse de se repentir, Agrippa ota a ce chien un collier de clous qui
formaient des inscriptions magiques, et lui dit d'un ton afflige: Va-t'en,
malheureuse bete, qui es cause de ma perte. Ce chien voyant son maitre pret
a expirer alla se precipiter dans le Rhone.
[Note 1: _Elogia virorum illustrium_. Venise, 1546, in-fol.]
"J'ay connu un personnage, dit Bodin[1], lequel me descouvrit une fois
qu'il estoit fort en peine a cause d'un esprit qui le suivoit et se
presentoit a lui en plusieurs formes: de nuict le tiroit par le nez,
l'esveilloit, le battoit souvent, et quoy qu'il le priast de laisser
reposer, il n'en vouloit rien faire; et le tourmentoit sans cesse lui
disant: Commande moi quelque chose: et qu'il estoit venu a Paris pensant
qu'il le deust abandonner, ou qu'il y peust trouver remede a son mal, sous
ombre d'un proces qu'il estoit venu solliciter. J'appercus bien qu'il
n'osoit pas me descouvrir tout. Lui demandant quel profit il avoit eu de
s'assujettir a tel maistre, il me dit qu'il pensoit parvenir aux biens et
honneurs, et scavoir les choses cachees: mais que l'esprit l'avoit toujours
abuse; que pour une verite il disoit trois mensonges, et ne l'avoit jamais
sceu enrichir d'un double, ni faire jouir de celle, qu'il aimoit,
principale occasion qui l'avoit induit a l'invoquer, et qu'il ne lui avoit
aprins les vertus des plantes, ni des pierres, ni des sciences secrettes,
comme il esperoit, et qu'il ne lui parloit que de se venger de ses ennemis,
ou faire quelque tour de finesse et de meschancete. Je lui dis qu'il estoit
aise de se defaire d'un tel maistre, et sitost qu'il viendroit, qu'il
appelast le nom de Dieu a son aide et qu'il s'adonnast a servir Dieu de bon
coeur. Depuis je n'ay veu le personnage, ni peu scavoir s'il s'estoit
repenti."
[Note 1: _Demonomanie_, liv. II, ch. III.]
PRODIGES
I.--PRODIGES CELESTES
"L'an 1500, dit Goulart[1] d'apres Conrad Licosthenes[2], qui avait
recueilli toutes ces histoires de Job Fincel, de Marc Frytsch, et de
plusieurs autres, l'on vit en Alsace, pres de Saverne, une teste de
taureau, entre les cornes de laquelle estincelloit une fort grande estoile.
[Note 1: _Thresor des histoires admirables_,
|