lus luisante que les autres.
Aux deux costez de cette comete se voyaient force haches, poignards, espees
sanglantes, parmi lesquelles on remarquait un grand nombre de testes
d'hommes descapitez, ayant les barbes et cheveux herissez horriblement. Et
qu'a veu l'espace de soixante-trois ans l'Europe, sinon les horribles
effects en terre de cest horrible presage au ciel?"
II.--ANIMAUX PARLANTS
Un ancien auteur[1] nous rappelle plusieurs histoires d'animaux parlants:
[Note 1: _Le chois de plusieurs histoires et autres choses
memorables_, p. 648 et suiv.]
"Quelquefois, dit-il, Dieu fait parler les bestes brutes pour enseigner les
creatures humaines en leur ignorance. Une asnesse me servira de caution,
laquelle comme elle portait Balaam sur son dos, apperceut l'ange du
Seigneur. A raison de quoy elle se destourna de la voye pour luy ceder la
place: mais Balaam qui ne scavoit point la cause de ce desvoyement, battit
avec exceds ceste simple beste, toutes les trois fois qu'elle s'estoit
desplacee de son chemin, pour la reverance qu'elle portoit au serviteur de
Dieu: et a cause de ce respectueux devoir, le Seigneur disposa la bouche de
l'asnesse a proferer tels propos: "Quel sujest t'ay-je donne pour estre si
rudement frapee de toy d'un baston par trois diverses reprises? Ne suis-je
pas ta beste qui t'ay tousiours fidelement porte jusques a ce jour? Et
n'eust este la reverance que j'ai refere a l'ange du Seigneur, je ne me
fusse retire du chemin par lequel je t'ay fort souvent porte en toutes les
affaires." Ces paroles finies, Dieu dessilla les yeux de Balaam pour
contempler l'ange tenant un glaive nud en la main, et lors il s'inclina en
terre, et adora ce messager du Tout-Puissant, qui luy fit une reprimende
pour avoir outrage son asnesse, mesme luy dit qu'il estoit sorti tout
expres pour estre son adversaire a cause de sa vie perverse, et du tout
esloignee des ordonnances du Seigneur. Ce n'est donc a tort que nous sommes
envoyez par les sages a l'escolle des bestes, l'instinct naturel desquelles
Dieu fortifie souventes fois de la parole, pour recevoir d'elles quelque
instruction en nos impietes.
"Quelque temps auparavant la mort de Caesar, dictateur, un boeuf, tirant a
la charrue, se tourna vers le laboureur qui le pressoit par trop a la
besongne, et luy dit qu'a grand tort il le frappoit, parce que la recolte
des bleds seroit si abondante qu'il ne se trouveroit pas assez d'hommes
pour les manger.
"S
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